Azerbaïdjan

Chapitre 1 : Illusion

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Enfin ! Après plus d’un an de dur labeur à bosser dans un restaurant vietnamien en Belgique – décidément une histoire d’amour depuis le Canada -, après avoir épargné autant que faire se peut, je reprends des bons et loyaux services comme voyageur. Il ne fait aucun doute qu’après mes péripéties sur le continent américain, je n’avais qu’une seule hâte: repartir en Asie. Mais voilà, afin d’économiser le plus possible, il s’avère évident qu’une escale changerait la donne pour mon portefeuille. Je décide, par élimination, de partir en Azerbaïdjan. Pourquoi ? Comment ? Je viens de vous dire, l’argent les amis, il faut lire ! 170 euros le vol aller en partance de Bruxelles, avec un sac en soute. Imbattable. Malgré la grève du 1er octobre, jour de départ, mon vol n’est retardé que de deux jours. Aucune raison de paniquer, ni de râler. Je profite des derniers moments en présence de ma famille et des mes proches. Il est 00h30 lorsque j’atterris à Baku, la capitale. L’avion n’est pas complet et le passage à la douane est d’une rapidité déconcertante. En à peine 10 minutes, j’ai quitté la douane et récupéré mes bagages. M’étant préparé un minimum, j’ignore complètement les chauffeurs de taxi qui me proposent des prix ridicules pour rejoindre le centre, situé à 35km tout de même de l’aéroport, et décide d’utiliser Grab. Le chauffeur me récupère, mais ne peut s’empêcher de faire des arrêts pendant le trajet pour parler à un pote, s’acheter des clopes, remplir son réservoir d’essence. Il me débarque ensuite vers 2h du matin dans une rue très calme. A peine est-il parti que je réalise que je ne trouve pas l’hostel. J’ai beau chercher, je ne vois aucune affiche, rien ! Je décide de téléphoner à l’établissement et un homme, à moitié endormi, tente de me guider.

une cour menant vers des escaliers où se trouve mon premier hostel. Des flèches sont dessinées pour indiquer la marche à suivre

Même en pleine journée, c’est glauque !

Il me convainc, après quelques tentatives tout de même, de m’engouffrer dans une espèce de tunnel à peine éclairé. “Suis les flèches”, murmure-t-il avec une voix presque inaudible. Je parviens enfin à l’hostel. “Chut”, me lance le propritéraire. “Les gens dorment. Check-in demain”. Un accueil charmant. Entre poussières, ronflements, lits superposés qui grincent et ressorts qui vous transpercent la chair, j’ai connu de meilleures nuits.

Le lendemain, je me rends compte de l’endroit dans lequel j’ai atterri. Première constatation, l’hostel est vraiment loin d’être dans les plus clean que j’ai fait. Ce n’est pas le pire, mais certainement pas dans le haut du classement. Qu’importe, je ne m’éternise pas et me dirige dehors. Il est temps d’explorer Baku et ses environs. Premier constat: les rues sont extrêmement propres. Je constate de nombreux balayeurs de rue qui s’affairent dès les petites heures du matin. La première image que j’en ai est donc très positive. J’y trouve un étonnant mélange architectural: entre modernité et ancienneté. J’aurai l’occasion d’y revenir prochainement. L’équilibre est bien préservé et attire l’œil, surprend, étonne parfois.

Une mosquée en premier plan alors que derrière on aperçoit l'une des flame tower qui fait la renommée de Baku

Quand ancienneté et modernité se croisent…

Alors que je me balade tranquillement, je repère “Baku COP29”. Je m’interroge donc, est-ce pour cela que le pays met les bouchées doubles pour paraître autant propre et attirant. En effet, en affichant une belle image de lui, le pays espère devenir un emblème et porte-parole en faveur du climat et de la paix.

Un bâtiment sur lequel on peut voir des lettres gravées "COP29". Il est situé à proximité du port

Autour du bâtiment, tout brille et resplendit.

Or, il fait tout l’inverse. En effet, en octobre 2024, le pays lance des actions en vue d’accroître sa production de gaz et de pétrole. Le but premier est de se focaliser sur l’exploitation des énergies fossiles et des ressources minières. Pourquoi ? Car le président Ilham Aliyev, qui a succédé à son père en 2003, possède une importante influence sur le pays tout entier. Dans chaque ville, la figure de l’ancien président est érigée en tant qu’héros. Chaque ville, village, a son portrait de l’ancien président, Heydar Aliyev, mais ce n’est pas tout puisque de nombreux parcs, statues lui sont dédiées également.

dans ce village de montagne, on peut apercevoir un panneau à l'affiche quelque peu jaunie de l'ancien président de l'Azerbaïdjan

Même dans le petit village de Lahic (1000 habitants), l’ancien président est célébré.

En effet, la famille domine de nombreux secteurs, dont celui de l’énergie et de l’exploitation minière. Et elle ne prévoit pas de reléguer ces industries au second rang. En outre, elle a de grandes ambitions pour développer des projets d’envergure dans la région du Haut-Karabakh. Pour rappel, des tensions récurrentes existent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Pendant la crise du Covid-19, une guerre de six semaines a lieu entre les deux pays ennemis à Nagorno-Karabakh, une région frontalière qu’ils se disputent. Plus de 7.000 blessés sont à déplorer et l’Azerbaïdjan finit par reconquérir le terrain qu’il avait perdu dans un conflit précédent. Malgré un cessez-le-feu, les tensions persistent. Si bien qu’en 2023, l’Azerbaïdjan récupère le Haut-Karabakh, forçant 1.000 Arméniens à prendre la fuite. Ce nouveau conflit a pour conséquence la dissolution de la République autoproclamée dès janvier 2024. Plusieurs accusations de violations de droits humains sont formulées à l’encontre de l’Azerbaïdjan, incluant des actes de violence envers les Arméniens, accompagnés de répressions des minorités.

Sur un coin de rue, on peut voir une plaque commémorant un soldat ainsi qu'un drapeau de l'Azerbaïdjan

Les hommages aux soldats morts au combat inondent les rues: façades, panneaux, plaques, …

C’est à cause de cela qu’il est assez simple de comprendre les accusations de “greenwashing” et de “peacewashing”. En plus, le tri des poubelles est inexistant. Que ce soit dans les hôtels, en rue ou au restaurant. Une seule poubelle engloutit tous les déchets sans distinction. Une fois que l’on s’éloigne des grandes villes, les déchets jonchent le bord des routes, remplissent les crevasses des ravins, sont brûlés maladroitement à proximité des habitations de montagnes où s’accumulent cendres et particules de plastique.

La COP29, c’est l’occasion pour l’Azerbaïdjan de redorer son blason auprès de la communauté internationale. Elle qui souhaite devenir la COP de la trêve et proposer un “cessez-le-feu mondial” d’un mois. Partant du principe que les activités militaires sont responsables, de l’ordre de 5 à 6%, des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, atteindre l’objectif des 1,5 degrés à ne pas dépasser semble très difficile, car il faudra renoncer et abandonner rapidement les énergies fossiles. Pas certain que l’Azerbaïdjan soit prête à sacrifier ses ressources.

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