Nouvelle-Zélande

Chapitre 15 : Trop, c’est trop !

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C’est le rush à Blenheim ! La période devient propice au tourisme, ce qui attire bon nombre de visiteurs et qui remplit aisément camping ! Même cas de figure au restaurant thaïlandais. C’est une très bonne nouvelle pour mon salaire, mais je commence à être pressé de tous les côtés, ça en devient énervant. Mes nuits ne sont pas des plus reposantes. Il y a du bruit, il fait froid, malgré mes deux bouillottes, et la luminosité me réveille à l’aube. De plus, du jour au lendemain Ash a décidé de démissionner. Une surprise pour tous, mais finalement pas tant que ça…

-Ash a décidé de nous quitter, elle a trouvé un autre travail ailleurs. Elle estime qu’on ne la respecte pas assez ici… Déclarent les nouveaux managers désemparés alors que le camping est full pendant deux semaines.

Entre deux shifts, je me repose dans ma tente et profite de la vue

Il ne reste que Beth, moi-même et les jeunes managers qui vont devoir mettre la main à la patte et venir nettoyer des chambres tout en gérant la réception.

Quelle histoire ? Celle où elle dit à tout le monde qu’elle n’a rien fait alors qu’elle a poignardé quelqu’un avec une paire de ciseaux ? Ou qu’elle est SDF alors qu’elle vit chez sa sœur depuis un an ?

-Mais pourquoi est-elle partie ?

-Elle disait qu’on la faisait travailler de trop, alors que ce n’était pas le cas. Et quand elle tombait sur une chambre “difficile” (comprenez plus sale qu’elle ne le devrait), elle estimait qu’on aurait du vérifier avant et te la refiler à toi car tu étais nouveau

-Ha bon ? M’étonnais-je, sympa de sa part. Je l’ignorais !

-Tu vas probablement devoir travailler en partie avec Beth car les grosses chambres sont toutes à nettoyer et ça risque de lui prendre toute la journée toute seule..
-Pas de souci !

A mon grand étonnement, Beth était aux antipodes de ce que m’avait décrit Ash. Très joviale, sympathique et surtout qui s’écoutait moins parler

-Je pensais que tu ne m’aimais pas ! Me balance-t-elle d’emblée après notre première journée de travail

-Ha, mais pas du tout ! Ash m’avait dit tellement d’horreurs sur toi que j’ai fini par la croire. Elle m’a touché par son histoire, mais j’ai été un peu déçu de ce que j’ai entendu…

-Quelle histoire ? Plaisante-t-elle, celle où elle dit à tout le monde qu’elle n’a rien fait alors qu’elle a poignardé quelqu’un avec une paire de ciseaux ? Ou qu’elle est SDF alors qu’elle vit chez sa sœur depuis un an ?

Mes yeux s’écarquillent et ma bouche s’ouvre de plus en plus au fur et à mesure que j’écoute Beth déblatérer les histoires (mensonges ?) d’Ash

-Je l’ai surprise à toquer aux portes de nos pensionnaires en leur disant qu’elle travaillait ici et qu’elle était SDF, leur demandant s’il n’avait pas un petit truc à lui donner. Liam le sait et l’a déjà engueulée à ce propos ! Ajoute Beth, Ha oui, ne t’inquiète pas, moi aussi j’ai été choquée quand j’ai appris la vérité. Elle est très lunatique et malheureusement n’est pas fiable

-Je tombe des nues

-Elle avait même dit qu’elle en avait marre de faire toujours le sale boulot. Que cela devrait être le tien car tu étais nouveau

-M’enfin, je ne me suis jamais plaint quand j’avais des chambres dégueulasses. On ne peut pas le prévoir avant de toute façon…

-Pour Ash, c’était inconcevable. Elle allait jusqu’à vérifier tes chambres pour trouver le moindre détails. Je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça car je pensais que vous vous entendiez bien

-Bha, je le croyais aussi… Comme quoi !

Ma déception mise de côté, les jours qui suivirent furent un véritable enfer. Nous étions en manque d’effectifs et toutes les chambres, à quelque exceptions près, étaient complètes tous les jours. Nous avons bien eu des nouveaux travailleurs, mais ils sont tous partis après quelques jours. Il faut dire que l’organisation laissait à désirer. Nous enchaînions nos journées sans congés, sans même avoir la possibilité de manger. Il fallait aller de plus en plus vite et gérer des clients de plus en plus capricieux, dégoûtants ou tout simplement bourrés. Par conséquent, il devenait de plus en plus éreintant de terminer à 15h, manger rapidement, reprendre une douche et marcher 20 minutes pour me rendre en ville pour mon deuxième travail au restaurant. Le tout, pour revenir le soir, dormir en tente avec des températures négatives. Putain quelle vie !

Au restaurant, même son de cloche. Je me sentais pressé comme un citron et plus du tout respecté. A croire qu’au plus j’en donnais, au plus je faisais l’effort d’être sympa et tolérant, au plus on en profitait pour me marcher dessus. Les serveurs et serveuses ne faisant même plus l’effort de vider les assiettes de nourriture et les balançait carrément dans l’évier où je nettoyais. Je tournais le dos deux minutes et je me retrouvais avec des restes de poulet et de légumes croquants qui flottaient parmi la vaisselle. Je sentais la moutarde me monter au nez, mais j’essayais de gérer ma colère. Cependant, un jour, alors que nous étions censés prendre une pause tous ensemble, ma boss me dit de commencer à manger sans eux. Après dix minutes, elle arrive avec tous les serveurs et elle me donne une tape dans le dos :

-Il est temps de t’y remettre. On ne peut pas se permettre de prendre des pauses aussi longues

Je ne bronche pas et me remet au travail, mais me rend compte qu’elle et tous les serveurs s’installent en plein milieu de la cuisine et commencent à prendre le temps. Leurs chaises sont disposées en plein milieu de mon espace de travail, déjà étroit, ce qui m’empêche de me mouvoir et m’oblige de leur demander, à chaque fois que je passe, qu’ils se décalent de quelques centimètres. Après une vingtaine de minutes, je suis hors de moi. Non seulement, ils salissent et renversent de la nourriture à terre, prennent leur temps et sont en plein milieu du jeu de quille. Je fulmine, claque les assiettes sur le plan de travail et explose :

-Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas tous pris notre pause ensemble car là je ne sais pas travailler. J’avance à du deux à l’heure et j’ai l’impression de perdre mon temps et mon énergie. Et vous appelez ça de l’organisation ?

-Qu’est ce qui te prend ce soir ? Si tu ne veux pas travailler, tu n’as qu’à rentrer chez toi !

-Sérieusement ? Hé bien oui, je rentre chez moi !

J’ai laissé les assiettes en plan, pris mes affaires et ai claqué la porte. Une scène très cinématographique qui sonnait comme la fin d’une mauvaise série. Pourtant j’étais à bout. De toutes parts, j’avais été mis sous pression des deux côtés et j’arrivais à saturation. La fatigue, le manque d’organisation et de reconnaissance ont eu raison de ma patience, que je croyais à toute épreuve. Ce sentiment horrible, je l’avais déjà vécu en Belgique. Vous savez, lorsque vous avez tout donné pour faire vos preuves dans une situation bien précise et que votre patron s’imagine cela comme un acquis, comme la norme. Lorsqu’il vous demande beaucoup plus d’heures, qu’il vous confie de plus en plus de responsabilités, se dédouane de ses propres tâches pour vous les refiler à vous. Je me sentais beaucoup trop exploité. Payé au salaire minimum, 8 euros l’heure, est-ce que ça valait la peine que je me laisse marcher dessus ? J’ai décidé que non et je leur ai manifesté mon mécontentement.

Le camping se souviendra de moi…

Après quelques jours sans aucun contact, j’ai demandé à discuter avec ma boss. Nous nous sommes excusés mutuellement et j’ai repris le travail car il ne me restait que dix jours avant de quitter l’île du sud, une nouvelle fois.  L’occasion de gagner encore un peu d’argent et d’assumer mes responsabilités avant mon départ. J’ai dégagé toutes mes affaires, rangé ma tente, après plus de deux mois de travail intensif. Exit le camping, exit le restaurant !

J’aurais tout de même droit à un pot de départ au camping

Après 15 mois en Nouvelle-Zélande, il était temps de faire le bilan… Que d’aventures vécues ! Je ne m’imaginais pas autant apprécier mon voyage et pourtant, j’y ai fait des rencontres fabuleuses. J’y ai retrouvé ce côté voyage et aventure que j’avais pu déjà exploré en Australie. Cette fois-ci, j’y suis revenu avec l’expérience et cela m’a encore plus aidé. Je savais ce que je voulais, comment l’obtenir et quoi faire. Je n’ai plus fait les mêmes erreurs et ai pu me focaliser sur mes objectifs principaux : voyager et assurer mes arrières pour continuer. Prochaine étape : Vanuatu pour un dernier craquage !

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