Egypte

Chapitre 3 : Sous la flotte

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C’est mon dernier jour à Hurghada, ce qui n’a pas échappé à Sohan. L’occasion rêvée pour que ce dernier me demande de “liker” sa page Facebook et de faire la promotion de son hostel à “toute ma famille.” L’arrivée d’un nouveau voyageur, beaucoup moins patient que moi, lui vaudra quelques sourcils froncés et des yeux levés au ciel. Je finis par me résoudre à ses « caprices » et me dirige vers la station de bus. Je le salue d’un geste de la main et monte à bord du véhicule qui m’emmènera direction d’Alexandrie. Un bus de nuit, de plutôt bonne facture, presque plus confortable qu’en Indonésie, mais qui roule tout aussi vite. 

Direction Alexandrie !

Quelle ne fut pas ma surprise en arrivant : Alexandrie était sous les eaux ! Les égouts bouchés laissaient place à des rues inondées, qui formaient des vagues au moindre passage de bagnole. La pluie, battante, trempait mon visage et mon sac à dos à une vitesse impressionnante. Je disposais, heureusement, d’un poncho de pluie, mais je ne m’étais pas préparé à le sortir en Egypte !

Des rues inondées et un temps maussade

Après avoir commandé un Uber, je discute avec mon chauffeur qui m’explique qu’il n’est pas rare pour Alexandrie de subir ce type de temps. Selon lui, c’est l’un des endroits où il pleut le plus en Égypte, mais il ajoute que la ville reste charmante par tout temps, “même si c’est plus agréable de s’y promener quand il faut beau.”

Mon hôtel n’est clairement pas un logement de luxe. L’entrée avec son ascenseur sans vitres et protection me fait déjà rigoler nerveusement. Mon arrivée fut quelque peu chamboulée puisque je m’étais trompé de date lors de ma réservation. Cependant, grâce à quelques tours de passe-passe, je parviens à récupérer, plus tôt que prévu ladite chambre. Cependant, ce fut une grosse déception, celle-ci étant très mal isolée. Les murs complètement effrités étaient victimes de l’humidité omniprésente. En bref, ça suinte de partout !

Qu’importe, pour le prix que je paie, je n’ai pas trop à me plaindre. Dehors, par contre, c’est un vrai carnage, la pluie vient frapper la façade avec force et retentit sur le toit avec fracas. Je passerai finalement mon premier jour sous la couette à regarder des séries. Le lendemain, heureusement, les gouttes de pluies ont laissé place à un soleil encore un peu timide. Il est dès à présent agréable de se balader le long de la côte et d’explorer la ville comme bon me semble. J’ai quatre jours pour découvrir les moindres recoins d’Alexandrie, autant bien répartir mon programme. Étonnement, je me sens plus à mon aise ici qu’à Hurghada où j’avais le sentiment de n’être qu’un touriste. La ville est déjà beaucoup plus internationale dû à ses nombreuses universités. Les écoles secondaires et collèges où l’enseignement est prodigué en anglais sont également de plus en plus populaires, ce qui fait d’Alexandrie une ville à la forte concentration estudiantine, beaucoup plus ouverte sur le monde et avec des gens qui ne cherchent pas à vous vendre des excursions ou autres babioles aux traits d’Anubis, Horus et tous ses potes.

Une architecture plutôt sympathique

Mes journées se composent principalement de longues balades dans les rues et ruelles d’Alexandrie. Je m’y sens bien, libre et surtout à mon aise. Je décide de me rendre à la bibliothèque d’Alexandrie. Historiquement parlant, je ne pouvais pas passer à côté d’elle. Considérée comme l’un des plus grandes bibliothèques du monde, elle aurait été fondée au 3e siècle avant Jésus-Christ, mais on considère que des nombreuses collections, manuscrits et autres documents ont été à tout jamais perdus au cours d’incendies. Depuis lors, un nouveau bâtiment a fait son apparition en 2002, un petit bijou d’architecture en forme de disque solaire.

Plusieurs salles sont dédiées à des expositions étonnantes

Aucune trace ou vestige de l’ancienne bibliothèque n’a subsisté, mais de nombreux textes content sa disparition dramatique et la perte que celle-ci a représenté pour l’histoire de l’humanité. En effet, on évalue cette perte majeure à près d’un million de documents provenant d’Assyrie, Grèce, Égypte, Inde et bien d’autres grandes civilisations et peuples. La nouvelle bibliothèque, quant à elle, se veut un exemple de savoirs modernes, réunissant des expositions temporaires et permanentes, un vaste espace dédié aux étudiants ou encore une référence dans l’organisation d’évènements. Un système de sécurité pointilleux a été mis en place pour y entrer. Portiques, vérifications des sacs, fouille, détection pour d’éventuelles traces de poudre, multiples caméras, entrées payantes numérotées, rien n’a été laissé au hasard.

J’ai tout fui pour reconstruire ma vie ici. J’ai perdu beaucoup plus que je ne voulais, mais peu à peu je remonte la pente. Les Égyptiens sont extrêmement accueillants. Maintenant, je bosse dans ce snack et ça me sauve la vie petit à petit

Lorsque le soleil reprend sa place, Alexandrie s’illumine et présente un nouveau visage

A ma sortie, je décide de poursuivre ma balade et m’arrête devant un stand de bouffe. Un homme me fait des grands signes et entame une conversation avec moi. Il m’explique que cela lui fait du bien de voir des touristes et que cela fait un bail que les affaires fonctionnent au ralenti. Je discute quelques instants avec lui et apprend qu’il est originaire de Syrie. “J’ai tout fui pour reconstruire ma vie ici. J’ai perdu beaucoup plus que je ne voulais, mais peu à peu je remonte la pente. Les Égyptiens sont extrêmement accueillants. Maintenant, je bosse dans ce snack et ça me sauve la vie petit à petit.” Cet instant de conversation partagé m’a à nouveau percuté de plein fouet. Nous sommes tellement privilégiés dans l’Occident que nous en oublions parfois le reste du monde, leurs galères, leurs considérations qui sont à des milliers d’années des nôtres. Je remercie mon interlocuteur et file avec mon sandwich shawarma au poulet afin de continuer mon exploration de la ville. C’est à partir de ce moment que l’Égypte rentrera dans mon cœur, grâce à Alexandrie et ses habitants plutôt chaleureux. Un simple sourire déverrouille parfois beaucoup plus de portes qu’on ne l’imagine.

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