Azerbaïdjan

Chapitre 5 : La fin de la solitude

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J’arrive enfin à mon hostel après plus de trente minutes de marche, les pieds complètement boursouflés par des chaussures qui commencent déjà à s’user. Après plusieurs semaines complètement seul, je suis surpris. L’hostel est rempli à craquer avec des profils complètement différents. Sheki, la ville dans laquelle je me trouve, est décidément bien touristique. Il faut dire que sa situation géographique, proche des montagnes du Caucase, son riche patrimoine culturel et historique ainsi que ses petits artisans lui confèrent un charme intemporel. Malgré une météo maussade, la pluie et la brume ne seront pas suffisantes pour arrêter les plus intrépides et les cars de touristes de s’arrêter pour visiter le très beau palais de Khan datant du 18e siècle.

la façade du palais de Khan aborde des motifs colorés et géométriques

Aucune photo n’est autorisée à l’intérieur. Les visiteurs sont accompagnés d’un garde tout le long de la visite.

Cependant, ce n’est pas la seule raison pour laquelle les voyageurs s’arrêtent ici. « C’est un bon arrêt intermédiaire pour atteindre la Géorgie« , me confie Pedro, un voyageur argentin qui vagabonde depuis plus d’un an déjà. A l’écouter la Géorgie semble être un petit paradis pour les aventuriers et digital nomads. En effet, le pays autorise les touristes à rester un an sur son territoire sans visa pour les pays de l’Union européenne ainsi que quelques autres tels que le Canada, Australie, Etats-Unis, etc. Bien entendu, l’Argentine fait également partie des heureux élus.

L’hostel est une véritable auberge espagnole. Des gens venant des quatre coins du monde sont présents: Argentin, Algérien, Chinois, Turc, Espagnol, Français,… Le soir venu, tout le monde ou presque se réunit pour parler, boire un verre, parler de ses expériences passées. Il y règne une atmosphère bon enfant qui facilite les échanges et les remises en question. Avant de quitter l’Azerbaïdjan, Pedro souhaite s’arrêter à Zaqatala, une ville encore plus proche de la frontière. Je lui propose de partir avec lui ainsi qu’Yi Lun, un chinois qui provient de la région de Guangzhou. C’est acté rapidement, notre trio fraîchement formé se dirige en bus vers notre prochaine destination.

Un mini-van stationné devant un panneau bleu indiquant plusieurs destinations.

En route vers Zaqatala !

A Zaqatala, c’est un changement d’ambiance total. Nous sommes probablement les seuls touristes parmi des habitants interloqués, mais très avenants. Lors d’une de nos ballades près d’un site touristique en ruine, nous croisons un « garde » qui nous explique dans un anglais de fortune que nous devons payer un ticket.

-Vous venez d’où ? Vous savez que si vous passez par la Géorgie, vous ne pouvez pas revenir après ? Vous êtes à quel hôtel ?

Nous le suivons alors, un peu méfiant au début, pensant à une arnaque. Il finira par nous amener face à un bâtiment décrépi. Un homme sortira ensuite, étonné de nous voir ici. Il se présente rapidement:

-Je travaille pour le ministère du tourisme, je vais vous guider ! Explique-t-il après nous avoir demandé l’équivalent d’un euro pour l’entrée du site.

un magnifique paysage constitué de ruines en briques avec en arrière plan de verdoyantes montagnes

Le site est magnifique, mais semble très peu pris en charge par les autorités.

Pendant une vingtaine de minutes, l’homme tentera de nous expliquer l’importance de l’endroit dans lequel nous nous trouvons. Soyons francs, c’était fastidieux pour le comprendre et véritablement en apprendre plus. Plusieurs bâtiments à l’abandon étaient présents sur notre route, mais lorsque nous avons tenté d’aller jeter un coup d’œil l’homme nous a arrêté net. « Rien à voir là ». Il nous était impossible de quitter le chemin qu’avait envisagé notre « accompagnateur ».

-Vous venez d’où ? Vous savez que si vous passez par la Géorgie, vous ne pouvez pas revenir après ? Vous êtes à quel hôtel ?

Une pluie de questions s’abat sur nos têtes. Néanmoins, l’homme reste très avenant malgré sa méfiance. Cependant, nous sentons assez facilement qu’il n’est habitué à voir des touristes. Comme si dans sa tête, seuls des espions ou des gens mal intentionnés pourraient se trouver dans cette partie de l’Azerbaïdjan. Et ce même sentiment me poursuivra encore dans une autre ville. Après le départ de Pédro vers la Géorgie, je poursuivrai mon trajet avec Yi Lun en direction de Ganja. Une fois sur place, nous décidons de prendre un taxi pour nous rendre à un lac, mais de nouveau notre présence semble étonner les gardes postés à l’entrée. Si bien que le chauffeur de taxi aura des instructions claires: nous empêcher de nous retrouver seuls et sans lui. L’homme nous suit à la trace, fait le tour du lac avec nous, nous invite ensuite à repartir vers sa voiture après avoir pris plusieurs clichés de nous.

le lac de Goygol est une vaste étendue d'eau bordée d'épaisses forêts qui abrite de nombreuses espèces de faune et flore.

Un très joli lac qu’il est impossible de contourner complètement.

Bref, il y a quelque chose dans son attitude qui me chiffonne, mais principalement car je le sens mal à l’aise de son côté aussi. Il faut dire que ce n’est pas la saison touristique, ce qui alimente également la suspicion. De plus, la plupart des voyageurs sont principalement concentrés sur Baku et Sheki. Le reste du pays n’est absolument pas habitué aux touristes, ce qui leur fait perdre beaucoup d’opportunités en la matière.

Après le départ d’Yi Lun, je me dirige à nouveau vers Baku. J’ai rencontré un Français et une Italienne qui sont partants pour louer une voiture et explorer le sud. L’occasion de partir en road-trip et de découvrir d’autres endroits méconnus. Cependant, mis à part un chouette safari, où l’on a pu explorer quelques gazelles gambadant au loin, les paysages sont plus timides et ne nous permettent pas de véritablement découvrir des choses extraordinaires.

Installés dans un jeep pour commencer le safari.

Notre périple nous a mené au parc de Shirvan Milli.

Cependant, c’est surtout une belle occasion de tisser de liens et de partager nos futurs plans. Mes nouveaux potes prévoient de visiter l’Asie du sud-est également. Il y a de fortes chances que cela soit le début d’une belle amitié. Quant à moi, il est temps d’entamer une partie très attendue de mon voyage: la Chine !

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