Etats-Unis

Chapitre 1 : Prendre de la hauteur

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La qualité de mon sommeil est plutôt mauvaise les jours précédant mon départ. En outre, les feux de forêt qui frappent le nord de l’Alberta s’aggravent et s’étendent de plus en plus. La puissance du vent est telle que la fumée semble envahir Calgary, jusqu’ici relativement épargnée par ce phénomène. Une épaisse fumée opaque tapisse le ciel. Le soleil, quant à lui,  semble s’être métamorphosé en une boule de feu orange sanguine.

le ciel est gris, rempli de fumée, le soleil paraît en feu.

Le réveil est plutôt désagréable. La fumée a envahi le ciel de toutes parts.

L’air que je respire pique à la gorge et irrite mon nez. Je n’ose imaginer si les feux avaient été plus près. Je m’inquiète également pour mon départ. L’avion sera-t-il en mesure de décoller dans de bonnes conditions ? Avant d’atteindre l’Alaska, j’ai une escale à Vancouver. Par conséquent, l’avion devrait éviter les feux de forêt. C’est en tout cas ce que j’espère car même dans l’aéroport, l’air est irrespirable et je dois me boucher le nez avec mon T-shirt. Je plains les bagagistes qui acheminent sacs et valises sur le tarmac.

La vue depuis l'intérieur de l'aéroport est trouble.

L’odeur de brûlé parvient à s’infiltrer partout et est très désagréable.

L’heure du décollage a sonné. L’avion est minuscule et plein à craquer, si bien que les hôtesses sont même forcées de s’asseoir sur les derniers sièges du fond. Etonnamment, la sécurité et la douane américaine sont rapidement franchies et j’attends patiemment mon vol vers Anchorage.

La vue depuis le hublot de l'avion est tout aussi impressionnante: une purée de pois grisâtre a recouvert le ciel.

La vue depuis le hublot est désolante !

Une fois arrivé, je repère l’emplacement d’un arrêt de bus qui devrait me permettre de rejoindre mon hostel, mais je n’ai pas de monnaie. J’interroge les passants en leur demandant si je peux payer par carte de crédit. Une jeune femme me regarde et me tends deux dollars. « Tiens, cela devrait être suffisant pour que tu prennes le bus. » Je reste surpris et la remercie chaleureusement avant de monter à bord. Pour le moment, le voyage commence bien !

L’hostel est plutôt chill avec une vibe familiale. On peut même louer un accès au sauna et à un caisson d’isolation sensorielle ! Malgré la fatigue, je me dirige vers le centre-ville et décide d’aller explorer les environs. Cependant, le centre  d’Anchorage est quelque peu décevant.

la vue depuis la fenêtre du bus est magnifique et laisse apercevoir des montagnes enneigées magnifiques.

Anchorage est entourée par les montagnes de toutes parts ! Un régal pour les yeux !

Peu de vie, des magasins et restaurant pour la plupart fermés vers 18h, de nombreux sans-abri et mendiants. Je repère quelques drogués évanouis sur le sol ou en train d’hurler. Bref, ma première impression n’est pas la meilleure. Heureusement, ce n’est pas pour ses villes que je suis venu en Alaska. Dès le lendemain, je suis censé partir en trekking.

Dans mon dortoir, je fais la connaissance de Lila, une néo-zélandaise qui me fait part de sa déception également. La veille, elle a assisté à une agression au couteau dans un bus. Le chauffeur s’est pris un coup de poing dans la figure avant de mettre l’assaillant en fuite. « Très rassurant« , pensais-je. Par le plus grand des hasards, Lila se rend à la même randonnée que moi. Nous décidons donc de partir ensemble le lendemain. Ma nuit fût, de nouveau, très mauvaise. La faute à un matelas trop mou sur un lit superposé, l’air conditionné qui fait un bruit épouvantable et une luminosité perturbante. En effet, en été l’Alaska bénéficie en moyenne de 15 heures de luminosité par jour ! Certains jours, c’est même plus !

A chaque fois que j’ouvre les yeux, il fait jour ! Très perturbant !

Je suis vite déstabilisé car j’ai l’impression que le temps ne passe pas. Après un court trajet en bus, Lila et moi retrouvons le guide. Par chance, nous ne sommes que cinq au total. L’occasion de pouvoir explorer à notre rythme et de profiter davantage du trek. Nous apprenons tous à nous connaître rapidement. L’ambiance est plutôt bonne, mais je constate certains comportements qui me font légèrement sourire. Par exemple, l’Américaine qui nous accompagne est surprise d’entendre l’histoire d’agression rapportée par Lila. “De toute ma vie, je n’ai jamais vu une seule fois de la violence ou des comportements déplacés aux Etats-Unis.” Son mari travaille pour une importante compagnie d’électricité, ce qui lui permet de l’accompagner lors de ses nombreuses conférences et voyages d’affaires. Je la sens clairement déconnectée de la réalité. Une fois arrivé au premier sommet, je fronce les sourcils, surpris de constater un drapeau américain.

au premier sommet du Flattop trail, un drapeau américain a été planté et flotte fièrement

Quoi de plus américain qu’un drapeau planté au sommet d’une montagne ?

Notre guide, qui fait partie de plusieurs associations travaillant avec la ville, nous explique qu’il faut un permis pour pouvoir mettre un drapeau sur ces terres. Avant d’ajouter, “cela fait cinq ans que ce gars paye pour ce permis et qu’il vérifie très souvent que rien ne lui arrive.” Surprenant ! Le patriotisme a clairement la côte ! Le trek n’est pas très compliqué, mais c’est la première fois que je dois revêtir des crampons pour marcher dans la neige et m’aider de bâtons de randonnée. Le guide, l’Américaine et moi-même feront même du zèle en rejoignant le deuxième sommet malgré une neige peu stable.

armé de bâtons de marche et de chaussures crampons, je descends du deuxième sommet sur une pente enneigée et verglacée

La descente est plus ardue, malgré les bâtons de randonnée et les chaussures à crampons !

La vue et les environs sont à couper le souffle. Le sentiment de satisfaction est intense. Quel pied de marcher sur la neige et de pouvoir se frotter à un nouveau défi. Nous revenons vers 14h après quatre bonnes heures de marche. Je lutte contre la fatigue car l’adrénaline ne fait plus effet. J’espère passer une meilleure nuit car demain, j’ai prévu de louer une voiture et de tracer la route vers le nord en quête de nouveaux paysages exceptionnels.

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