Mexique

Chapitre 8 : Des rencontres par milliers

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Après avoir visité la magnifique ville de Mexico, je prends un avion en direction de Merida. La chaleur, quant à elle, devient insupportable. 37 degrés, mais avec un ressenti de 45 ! L’humidité excessive rend la moindre marche pénible. Je n’ai généralement aucun souci à supporter la chaleur, mais cette fois-ci, je me rue sur les douches et la piscine de l’hostel.

la piscine de l'hostel entourée d'arbres et de transats

Au cours de l’après-midi, l’hostel est désert et la piscine est mienne.

De prime abord la ville ne me plaît pas, il y fait trop chaud, il y a trop de gens, et surtout je suis fatigué. J’ai besoin d’une journée à ne rien foutre pour me reposer et me remettre de mes émotions et repartir sur de bonnes bases. 

Une des nombreuses pyramides de chichen itza se dresse devant moi. des touristes se tiennent aux abords, téléphones en main

Chichen Itza fait partie des plus beaux sites du Mexique !

Je décidé de réserver une excursion pour aller visiter Chichen Itza. Au cours de cette dernière, je fais la connaissance de Raul, le jeune guide mexicain qui nous accompagne lors des visites. Il a une trentaine d’années et possède une grande connaissance des sites archéologiques et des cultures anciennes. Je lui demande depuis combien de temps il fait ce métier. Il s’avère qu’il est guide de temps à autre pour gagner un peu d’argent tout en finissant ses études d’ingénieur. C’est son père qui lui a donné la passion en étant jeune. Guide également, il lui a appris de nombreuses choses, mais lui a également transmis ce sentiment: la peur de ne pas être à la hauteur.

-Il était tellement doué, il a tellement de connaissances. Je sais que quoi je fasse, peu importe le nombre d’heures que j’étudie, il sera toujours au-dessus de moi.

-Les gens te le reprochent ? Le questionnais-je.

-Non pas vraiment, mais je ne me sens jamais légitime.

Son analyse est assez intéressante car j’ai eu l’impression de me retrouver dans cette situation, en étant enfant. J’avais cette constante impression de ne jamais pouvoir égaler les attentes ou en tout cas le niveau de mon paternel. C’est comme entreprendre une course inexorable contre le temps, c’est épuisant et à la fin, je serai toujours perdant. C’est en décidant de ne plus faire la course et de cesser ces comparaisons inutiles que j’ai pu devenir ma propre personne. Je conseille à Raul de faire de son mieux et d’utiliser ses propres capacités pour faire la différence, de ne pas chercher à égaler, ni à être comme, mais plutôt à démontrer un autre aspect de sa personnalité, quelque chose qui lui est propre. Nous échangerons même nos réseaux à la fin de la journée pour rester en contact. Ces échanges impromptus entre deux questions sur Chichen Itza me restent encore en tête à l’heure actuelle.

Les autres jours passés à Merida seront faits de balades et de rencontres avec les gens de l’hostel. Il y a bien évidemment tout un tas de personnages, comme ce vieil Américain de 64 ans qui soulève des haltères, drague sur Tinder et jure à tout va ou encore cette hippie espagnole et ses multiples bracelets de cheville qui me vantent les bienfaits des champignons hallucinogènes mexicains ou encore ce Chinois qui s’enfile un litre de bières tout seul en travaillant sur son ordinateur portable. Parmi toute cette smala, je fais la connaissance d’un autre voyageur dénommé Robert. Il a 32 ans, est Américain et est venu en voiture depuis le Wyoming. Cela fait presque trois mois qu’il voyage en road-trip. Plutôt détendu et ouvert au dialogue, il réagira lorsqu’il m’entendra expliquer mon histoire de bus à l’Espagnole. Finalement, nous resterons toute la matinée à échanger sur le Mexique et le voyage en général.

le site de Mayapan n'est pas très grand, mais de nombreus édifices bien préservés sont observables depuis le dessus d'une pyramide

Le site de Mayapan, bien que plus petit, autorise les visiteurs à grimper sur les pyramides.

Nous décidons sur le coup de 11h d’aller visiter une ruine qui, selon le guide aux pages jaunies qu’a trouvé Robert, est un peu moins connue des touristes. Il se situe à peine à 40 minutes de voiture de notre hostel. Le « Lonely Planet » ne mentait pas, il n’y a effectivement que quelques locaux qui errent, mais vers 12h30, les ruines sont belles et bien nôtres. Seuls les nombreux lézards et iguanes nous accompagnent et défilent lorsque nous nous rapprochons trop de leur cachette. Il faut dire qu’en plein cagnard le soleil brûle tout ce qu’il touche avec ses rayons. Robert et moi faisons plusieurs pauses et discutons longuement. Nous parvenons à retrouver plein de points communs dans notre approche du voyage et dans les choses que nous observons chez les autres voyageurs. Ce qui nous permet d’aborder les différences fondamentales entre l’Europe et l’Amérique du Nord (particulièrement les Etats-Unis et le Canada). La course inexorable contre le temps est épuisante. Le meilleur exemple qui me vient en tête est d’expliquer à Robert la manière de consommer.

-Lorsque quelqu’un me propose de boire un café, on se pose en terrasse, on discute et on boit notre café. Lorsque ma propriétaire au Canada (Indra) m’en proposait un, cela consistait à aller chercher un café au drive-in et à le boire dans son véhicule.

Robert acquiesce et reconnaît qu’il ne supporte pas perdre de temps. Il me confie qu’il adore lorsque la serveuse amène l’addition alors qu’il est encore en train de manger. Cela lui permet de ne pas devoir courir après elle et de pouvoir payer quand bon lui semble. Alors que de mon côté, je trouve ça particulièrement grossier d’amener l’addition alors que j’ai à peine commencé mon plat. J’ai l’impression que je gêne et que je dois partir le plus rapidement possible. Je reproche également à ce type de mentalité de ne penser qu’à l’argent. Je me rappelle alors d’une visite chez le dentiste à Calgary. On me recommande de faire un détartrage lors de mon prochain rendez-vous. Le lendemain, je reçois un coup de fil de la dentiste me demandant si mon assurance sera bel et bien capable de couvrir les coûts. N’étant pas certain, je leur dis que je téléphonerai demain pour me renseigner. La dentiste me rétorquera que si elle ne reçoit pas de réponse demain au plus tard, elle annulera automatiquement mon rendez-vous pour prendre quelqu’un qui a « un problème plus grave sinon nous perdons trop d’argent« . Voilà qui en dit long sur le fonctionnement des soins de santé au Canada…

une plage bondée de Cancun avec de nombreux touristes et une rangée d'hôtels à droite

Un décor qui fait rêver certains, mais qui ne me touche absolument pas.

Mon voyage au Mexique touche peu à peu à sa fin. Je finirai mes derniers jours à Cancun. Fatigué, moins motivé et pas du tout dans le même état d’esprit que les voyageurs que je rencontre, Cancun s’avère être une compilation de tout ce que je n’aime pas. Des plages bondées, des hôtels de luxe, du bruit partout, des déchets sur les plages. Bref, heureusement que je n’y passerai que deux jours. Le Mexique fut une véritable surprise: des paysages splendides, une culture riche, des habitants sympathiques, mais aussi des voyageurs plutôt ouverts. C’est bien la première fois dans mes voyages que j’ai autant de facilité à rencontrer des gens. La nourriture m’aura vite lassée, mais certains plats dont le « mole » sont à tomber par terre. Cette première expérience me donne envie d’y revenir et d’explorer encore plus ce pays surprenant. La prochaine fois avec un budget plus conséquent car le Mexique n’est pas aussi « peu cher » qu’il n’y parait. Les excursions représentent un montant significatif lorsque l’on veut voir le pays. Les longues distances rendent les visites compliquées. Etre véhiculé est certainement un avantage lorsque l’on souhaite explorer le Mexique en profondeur. J’ai bien retenu la leçon !

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