Un mois avant le grand départ, ma santé est véritablement aussi fragile que de la porcelaine. Je n’arrête pas de tomber malade et j’enchaîne la Covid-19, une bronchite, une conjonctivite et du RGO (reflux gastro-oesophagien). On me propose du Pantomed 20mg pendant trois semaines pour traiter cela. Bien évidemment, le tout accompagné d’un régime strict: pas d’aliments gras, ni épicés, pas d’alcool et autre joyeusetés crasses. Alors que j’ai l’esprit occupé par mes soucis de santé, je reçois quelques jours avant de partir, un étrange e-mail m’annonçant que mon vol a été modifié. Au lieu du 10 juillet, il passe sans aucune explication au 31 juillet. Première tuile ! Mon working holiday visa expire le 30 juillet ! Afin de tirer la situation au clair, je téléphone à l’agence de voyage située en Espagne. Cette dernière me confirme que tout est en ordre et qu’il n’y a pas de souci: mon vol du 10 juillet est bien maintenu. N’étant pas forcément rassuré, je vérifie auprès du site internet de la compagnie aérienne. Un message inquiétant s’affiche lorsque je tente d’accéder à ma réservation: “paiement en cours”. Inquiet, j’envoie un mail et j’apprends qu’une partie de la somme n’a pas encore été payée. Je commence à paniquer alors que mon départ est prévu en fin de semaine. S’ensuit alors un jeu de ping-pong entre mes deux interlocuteurs. Après plus de 3h30 passées au téléphone, je parviens à comprendre d’où vient le problème. L’agence de voyage a ajouté un deuxième vol sous le même numéro de réservation. Ce qui est bien la preuve qu’il s’agit d’une erreur de leur part. Qu’il fût pénible de leur faire réaliser leur erreur et de faire annuler le vol. Après avoir enfin réglé le problème, j’ai pu avoir accès à ma réservation, un jour seulement avant le départ ! Je souffle de soulagement ! Mon estomac me brûle légèrement moins, même si je sens que le stress a accentué quelque peu les symptômes.
Le grand jour arrive ! C’est l’heure du départ vers Bruxelles midi en direction d’Amsterdam. En effet, je prends un Thalys pour me rendre jusqu’à Schiphol, tout simplement car le vol coûtait moins cher en partant des Pays-Bas. Je suis partagé entre deux sentiments: excitation et appréhension. Je dois rejoindre Yannis avec qui j’ai travaillé dans les kiwis. Il n’habite qu’à quelques minutes de l’aéroport, ce qui me permettra de passer une nuit peinarde et de le revoir après tout ce temps. Malheureusement, lors de mon voyage en train, je reçois un message de sa part. Il a vu un pote qui a chopé la Covid-19. Ce n’est donc pas prudent que l’on se voit. Je décide d’errer dans l’aéroport d’Amsterdam. Mais voilà, mon vol n’est que dans 13h ! C’est long, très long ! Une fois le contrôle de sécurité passé, je constate que le plus dur a été fait. Il n’y a pas encore trop de retard, malgré les soucis récents connus dans les aéroports et la grève des bagagistes. Dans l’avion, les repas servis sont acides: sauce tomate, poulet épicé, roll au fromage, snacks salés et gras. Mon estomac me fait horriblement mal. Je souffre en silence, tentant de prendre tous les médicaments en ma possession. Cependant, rien n’y fait. La douleur revient de plus en plus fort.
J’arrive au Canada, l’estomac en miette, mais satisfait d’être enfin sur la terre ferme. L’agent de l’immigration vérifie à peine mes papiers et en moins d’une heure j’obtiens le fameux graal: le permis de travail ouvert lié à mon working holiday visa.
Je me dirige vers mon Airbnb. Deux métros à prendre, complétés par six minutes de marche, j’ai vu bien pire. Je me pose dans mon logement, vanné et l’estomac en feu.
Le lendemain, je me sens un peu mieux et j’en profite pour faire toutes les démarches administratives inhérentes à chaque PVT. La liste n’est pas très longue: obtenir un numéro d’assurance sociale, un numéro de téléphone et enfin ouvrir un compte dans une banque. Je me souviens que cela avait été un casse-tête à Taïwan, d’une simplicité effarante en Nouvelle-Zélande, mais au Canada, c’était plus “tendu”. Je suis reçu par un homme assez sympathique de prime abord, mais qui va véritablement me questionner sur mes intentions. Ai-je un travail ? Dans quel domaine voudrais-je travailler ? Est-ce que je compte rester au Canada ? Quelle est mon ambition ? Quels sont les noms de mes parents et leur date de naissance ? Il me demande de citer des personnes de référence, si je compte investir, il exige mon numéro fiscal pour vérifier si je paye bien mes impôts en Belgique, etc. Bref, tant d’interrogations pour un simple PVT. Je lui dis que je veux principalement avoir un compte pour toucher mon salaire au Canada et c’est tout. Mais je sens que je dois la jouer plus finement. Je sors mon plus grand numéro d’esquive et tente de manier les pirouettes pour obtenir mon dû. Mission accomplie ! J’ai terminé toutes mes démarches administratives en une seule après-midi !
La journée se déroule comme sur des roulettes, mais le soir venu la douleur de mon estomac se ravive. Je tente de consulter des walk-in cliniques (cliniques où l’on a pas besoin de rendez-vous), mais tout est complet. On me propose de téléphoner le lendemain et de revenir avec du cash pour payer. Je trouve la démarche très suspecte et préfère ne pas y penser. Vers 18h30, la douleur est vive. Je prends conseil auprès d’un pote qui me recommande le service d’urgence d’un hôpital du centre-ville. Plus le choix, je vais devoir me faire ausculter.