Sri Lanka

Chapitre 1 : Ami, entends-tu le vol noir des tuk-tuks sur nos plaines ?

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Vais-je parvenir à franchir le Sri Lanka ? C’est bien là ma seule inquiétude avec ma déconvenue taïwanaise. J’ai tout de même été chanceux car le tourisme se porte moins bien que d’habitude suite aux terribles attentats qui ont impactés le pays en avril 2019. Six explosions simultanées ont retenti dans la capitale Colombo, à la fois dans des hôtels de luxe et dans des églises qui célébraient les messes de Pâques. Des explosions ont également eu lieu à Negombo et une église a été visée à Batticaloa, à l’est du pays lors d’un raid de la police pour appréhender les coupables. Au total, 253 personnes ont perdu la vie et plus de 500 ont été blessées. C’e sont les attaques les plus violentes depuis la fin de la guerre civile en 2009. Ces attentats suicides ont largement impacté le pays et a considérablement réduit le tourisme, poussant le gouvernement à prendre des mesures afin de faire revenir les voyageurs. Mon visa pour le Sri Lanka est gratuit ! Grâce à cette mesure, mon portefeuille souffre un peu moins, après avoir perdu près de 1000 euros en moins d’un mois. Je ne sais pas ce qui me permet encore d’avancer sereinement, peut-être la soif de découverte. J’essaye de relativiser, je ne suis pas mort, il y a pire comme situation.

J’arrive au Sri Lanka avec une petite appréhension tout de même. J’essaie de commander un Uber, mais le chauffeur décide d’augmenter les prix indiqués sur l’application. Je refuse donc son service et me dirige vers un taxi traditionnel qui m’emmènera jusqu’à mon hostel. Il est 2h du matin, je dois réveiller le gérant et m’installer dans une chambre de six pleine à craquer, uniquement séparée d’une autre chambre de six par un rideau. Aucun casier pour laisser ses affaires, pas de clés de la chambre, il va falloir s’adapter une fois de plus. 

Colombo: un mix architectural entre modernité, bâtiments coloniaux et d’influence religieuse (hindoue, islamiste,…)

Dès le lendemain, je décide d’aller explorer les environs de Colombo. Je me dirige le long des berges et observe le ressac des vagues contre les parois de pierre. Soudain, un croaillement me tire hors de mes pensées. Ce n’est pas un, ni deux, mais bien une quinzaine de corbeaux qui me houspillent alors que je me trouve à proximité d’une poubelle. Leur nombre est tout simplement impressionnant. Où que j’aille, ces volatiles sont présents partout. Ils virevoltent dans le ciel, déchiquètent les sacs poubelles et se nourrissent des restes des dépôts sauvages. Les corbeaux ont véritablement établi leur territoire à Colombo (et dans le reste du Sri Lanka). Oiseaux très intelligents et vivant en groupe, ils vivent là où la nourriture est abondante. Bien évidemment, avec un système de tris de déchets plutôt mal foutu, beaucoup d’ordures traînent sur le sol au Sri Lanka. C’est assez surprenant car beaucoup de campagnes favorisant le recyclage peuvent être aperçues sur les murs et autres panneaux publicitaires.

Une poubelle pour recycler le plastique et les canettes en métal est présente sur la plage pour sensibiliser les gens

C’est cet état de fait qui pousse les corbeaux à s’établir ici et à y rester, étant donné qu’ils dévorent les restes de nourritures, allant jusqu’à entrer en compétition avec les chiens errants en leur volant le plus de denrées possibles. Cette présence est donc liée à ces deux facteurs. Il est impossible de savoir si le Sri Lanka accueille la plus grande population de corbeaux, mais de toute ma vie je n’ai jamais vu autant de ces volatiles réunis partout dans le pays. 

Pas uniquement à Colombo, mais dans tout le reste du pays (Crédit photo MDS)

Ce qui est tout aussi bruyant que les corbeaux, c’est également les tuk-tuks. Il y en a à chaque coin de rue. Ils débarquent à côté de toi, t’appellent longuement jusqu’à ce que tu daignes à les écouter. Non contents de te proposer des parcours “privilégiés” qui t’emmènent au quatre coins de la ville, ils se portent garants au nom des autres tuk-tuks en te promettant qu’ils ne te décevront pas. Le niveau de confiance qu’on peut leur accorder est véritablement problématique dans certaines villes et régions, dont colombo. Aucun doute possible: il est évident qu’il ne faut pas monter dans leur bolide. Leurs prix sont généralement exorbitants et, incroyable, ils parlent tous d’une célébration qui a lieu au moment même où ils vous adressent la parole. “Il faut y aller vite, vite !” Cette insistance aura vite fait de me rappeler mes premiers pas au Vietnam. Hors de question de replonger pour ce genre de conneries. Je dis non poliment plusieurs fois, mais cela n’empêche certains chauffeurs d’être très insistants. 

Des temples magnifiques sont dispersés un peu partout dans la ville

Le lendemain, alors que je marchais dans la rue, un homme me demande d’où je viens et comment je m’appelle. Il me parle d’une célébration dans un temple et me dit qu’il a un tuk-tuk et pourrait m’y emmener si je le désire. Je lui réponds que je vais d’abord manger car je meurs de faim. 

-Je verrai après si j’y vais ou pas, ajoutais-je

-Prends un truc à manger ici, me rétorque-t-il en pointant un petit boui-boui

-Non, j’ai vraiment envie de manger thaïlandais, insistais-je en souriant, il y a un bon restaurant plus loin c’est là-bas que je me dirige

L’homme finit par me dire au revoir après m’avoir tenu la jambe pendant un quart d’heure. Enfin débarrassé de ce pot de colle, je peux me diriger vers ce fameux restaurant ! Je marche encore une quinzaine de minutes et là, surprise ! Le type m’attend dans son tuk-tuk et m’interpelle :

-Alors ce restaurant, c’était bon ? On y va ?

-Je viens à peine d’arriver ! Je n’ai même pas encore manger. Vous permettez ?

-Pas de souci, mange, je t’attends

J’hallucine. Le mec me trace et me piste comme un chien de chasse à l’affût. Je décide de prendre mon temps dans le restaurant et d’y passer une bonne heure et demie. A ma sortie, le chauffeur était toujours là, garé devant le restaurant, sourire carnassier au bord des lèvres.

-On y va ? Me lance-t-il impatient, cela fait une heure que j’attends

-Mais non, on ne va nulle part. Je ne vous ai jamais dit oui !

-Tu mens, tu mens ! Insiste-t-il

Je ne daigne même pas à répondre et file en direction de mon hostel. Colombo ne me plait pas pour le moment. Autant les points d’intérêt sont intéressants, l’architecture et les temples me passionnent, mais les tuk-tuks sont oppressants et je n’ai absolument pas besoin de ça après avoir enduré ce que j’ai vécu depuis ce début d’année 2020. De retour à l’hostel, je tombe sur un groupe de filles qui vient d’arriver et qui est en train de s’installer dans mon dortoir. Nous discutons et elles m’apprennent que ce soir c’est le “festival de la lune” ou la Navam Perahera. Une fête pour célébrer les trois joyaux qui sont des concepts tous en lien avec Bouddha.

Danseurs, chanteurs, musiciens, cracheurs de feu, tout y passe !

Nous décidons en fin d’après-midi d’aller voir ce qu’il se passe en ville. Effectivement quelque chose s’y prépare, c’est l’effervescence, il y a du monde de tous les côtés. Des gradins ont même été mis à disposition et sont réservés exclusivement aux touristes. La place est à 30 USD, plus de 25 euros pour s’asseoir sur ces chaises. Nous refusons d’emblée car nous asseoir sur un trottoir revient à la même chose et est totalement gratuit.

Comme je le constaterai par la suite, les horaires au Sri Lanka sont laissés à l’appréciation de chacun. La parade a démarré avec près d’une heure trente de retard, mais valait clairement la peine. Des danseurs, des épéistes, des costumes traditionnels, j’en ai pris plein la vue. Des éléphants ont également paradés, mais quelle tristesse…

Traditions ou contraintes modernes, il est difficile de rester neutre

Vêtus d’accoutrements, portants des objets et enchaînés des quatre pattes, forçant à avancer avec des coups de fouet. Ils ballottaient leur tête de gauche à droite,  c’est ce qu’on appelle la stéréotypie. C’est un comportement qui traduit une grande anxiété et un stress. Lorsqu’un éléphant reste longtemps attaché et sans bouger, il se balance pour remettre de la pression dans ses artères.

Des détails qui ne passent pas inaperçus

C’est un comportement que l’on peut parfois repérer dans certains zoos ou parcs animaliers. Même si l’éléphant est dans un bon environnement et bien traité, les séquelles sont parfois trop grandes et le sentiment d’être toujours attaché perdure. Instinctivement, l’éléphant se balance. Ce fut un véritable crève-cœur d’assister à ce genre de spectacle.

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