Canada

Chapitre 3 : Extrême bonté

14 minute read
Thanks for the support !

Après avoir longuement cherché le van idéal, je viens de voir une occasion en or me passer sous le nez. J’ai voulu être trop gourmand et j’ai tenté de négocier. Grave erreur ! La meilleure option me file entre les doigts. Je décide de me rabattre sur un autre, « plus technologique », avec des panneaux solaires, une batterie externe, un frigo portable, un évier et même une télévision !

arrière du van avec un évier et un frigo

Un espace de travail plutôt attrayant !

le panneau solaire est fixé sur le toit et récupère l'énergie pour une batterie marine qui est située à l'arrière du van

Le panneau solaire alimente une batterie  externe pour utiliser le robinet, le frigo ou recharger mes appareils.

Je n’aurais jamais eu un van aussi « branché » dans tous les sens du terme. Cependant, le seul hic c’est véritablement l’aspect esthétique. Il y a beaucoup de rouille. En effet, cette constatation ne m’a pas échappé dès mon arrivée au Canada. Ce n’est pas le propre de ma voiture, mais bien de nombreuses d’entre elles à Montréal. Le sel utilisé par les déneigeuses font rouiller les carrosseries extrêmement vite. Alors oui, il est possible de faire des traitements chez un garagiste avant et après l’hiver, mais il suffit de manquer le coche au bon moment pour voir sa carrosserie se faire grignoter petit à petit. Heureusement, la rouille n’a pas touché le dessous de la voiture, mais tout le cadre autour. C’est un peu risqué, mais je décide tout de même de l’acheter au prix comptant, c’est-à-dire 4.500$, soit environ 3450 euros. C’est une somme, mais comparativement aux autres annonces, ce van reste parmi les moins chers. Certains se chiffrent à 10.000$ ! Un prix tout bonnement hallucinant.

le coffre du van est ouvert. On aperçoit une extension qui sert de table avec une chaise de camping dépliée

Parfait pour s’installer confortablement à l’heure du souper !

En outre, très peu d’offres sont présentes à Montréal. La plupart des vans sont vendus dans le British Columbia, à l’est du Canada, là où sont les parcs nationaux les plus populaires et où l’hiver est plus « doux », bien que très humide. Les procédures de vente sont encore plus rapides qu’en Nouvelle-Zélande. Un simple passage à la SAAQ (Société de l’assurance automobile du Québec) où il faut simplement montrer son passeport et son permis de travail. Je donne quelques informations à l’employée protégée par une épaisse vitre, je paie la somme relative à l’immatriculation et le tour est réglé. Fait assez surprenant, le renouvellement de l’immatriculation/permis de conduire se fait chaque année. Ici, dans la province du Québec, c’est votre nom de famille qui détermine votre ordre de passage. En ce qui me concerne, je devrais renouveler la mienne dès le mois d’octobre.

vue depuis l'intérieur de la voiture sur la tour de Toronto

Toronto est une ville très agréable, mais son trafic est pénible…

Le dernier jour de mon Airbnb à Montréal sonne le début de mon voyage. L’euphorie me gagne en quelques instants. Il n’y rien de plus grisant que de prendre le volant et de sentir le vent dans ses cheveux par une belle journée d’été. Je suis « armé » pour commencer mon road trip canadien. A moi les routes magnifiques et les paysages de dingue. Du moins, c’est ce que j’espérais naïvement. Cependant, l’émerveillement n’est pas présent directement. De Montréal jusqu’à Toronto, c’est principalement des autoroutes ennuyeuses, voire embouteillées qui m’attendent. Une petite déception, mais qui finira  par s’amenuiser au fur et à mesure que j’avance dans mon voyage. Je décide de chercher la gratuité, une fois de plus, en privilégiant les spots de « wild camping« . Dans ma quête, je suis aidé d’une application pour me repérer parmi les différentes options qui s’offrent à moi. Cela me laisse l’opportunité de choisir un spot plutôt sympa, discret, en évitant les hordes de moustiques, particulièrement féroces en fin de journée. Les débuts sont simples et me rappellent de nombreux souvenirs australiens et néo-zélandais, mais également les nombreuses factures qui s’enchaînent: achats de couverts, casseroles, draps de lits, oreiller, nourriture, caisses de rangement, etc. La liste s’allonge et je me rends rapidement compte que le Canada n’est vraiment pas donné. En outre, le prix de l’essence, bien qu’étant moins cher qu’en Europe, pèse énormément sur la balance. Le deuxième plus grand pays du monde est extrêmement vaste. Chaque destination s’apparente à une traversée interminable: les routes sont limitées la plupart du temps entre 80 et 100. On n’a pas l’impression d’avancer et l’ennui provoqué par le paysage n’aide pas à faire passer le temps.

un magnifique coucher de soleil orangé caché partiellement par des nuages gris

Heureusement, de jolis paysages viennent casser la monotonie de certaines routes !

Après déjà de longues heures de route, je parviens à un « freedom camping« . Je commence à ranger mon van afin de me préparer à cuisiner. Soudain, j’aperçois Terry et Jane qui approchent avec leur énorme RV. Conscient que l’espace est précieux lorsqu’on a choisi de camper gratuitement, je décide, de ma propre initiative, de me mettre derrière le volant et de reculer mon van de quelques mètres afin de leur laisser de la place pour s’intercaler. Une fois sorti de ma voiture Jane, qui tentait de diriger son mari, me remercie chaleureusement. Je lui réponds qu’il n’y a aucun problème et vaque à mes occupations. Soudain, Terry, visage souriant malgré ses rides au coin des yeux, me tend une bière.

Parce qu’il n’y a pas assez de gentillesse dans le monde actuel

-Elle vient de chez nous du Wisconsin ! C’est pour vous remercier d’avoir bougé votre voiture, c’est très gentil.

-Oh merci beaucoup, mais il ne fallait pas ! Répondis-je surpris.

-Vous voulez quelque chose pour l’ouvrir ? 

-Heu oui merci ! Lançais-je après un moment d’hésitation en pensant à mon pauvre estomac.

une bière provenant du Wisconsin

Si c’est offert de bon cœur, allez santé !

Je décide de prendre le risque et m’assied près d’un rondin de bois en attendant que Terry et Jane se ramènent à mon niveau. Surprise, ils débarquent avec des crackers, du saucisson, du fromage (tout ce que je ne peux pas manger et que je n’aime pas haha). Ils déposent le tout sur le banc et ouvrent une bouteille de mousseux. L’ambiance est bon enfant et nous commençons à parler. Terry et Jane sont retraités depuis peu. Ils ont acheté un RV il y a trois ans et ont décidé de voyager avec afin de se faire des « longs trips plus fréquemment”. Terry a longtemps travaillé sur un bateau, mais maintenant, il aide son entourage à rénover des maisons. Il possède une jolie embarcation dont il me montre plusieurs photos, ainsi que de leur récent voyage à La Barbade. Leur fille a étudié à Namur lors de sa seconde rhéto donc ils connaissent un peu la Belgique pour y avoir passé quelques jours. La suite de la soirée sera faite de conversations passionnantes et bien intentionnées.

un van avec une porte ouverte ainsi qu'une chaise de camping dépliée Deux coupes à champagne en plastique sont déposés sur un rondin de bois

Jane et Terry préparent l’apéro !

Dès qu’ils le peuvent, Terry et Jane m’aident. Ils m’offrent des snacks, remplissent mon bidon d’eau de 20L, me prêtent un « cooker » à induction pour préparer mon ramen du soir. Ils sont extrêmement généreux et bienveillants. Avant d’aller me coucher, Terry me confie également un livre touristique sur la région afin que je puisse bouquiner le soir avant de m’endormir. Je le remercie et lui dit que je le lui rendrai demain sans fautes. « Pas de souci, on fera ça au petit déjeuner. Je nous préparerai des œufs« , lance-t-il avec un sourire malicieux. Je suis sur le cul. Tant de bonté, de gentillesse, sans aucune arrière-pensée est stupéfiant. Je le dirai à Jane. « Le voyage permet de briser aussi les stéréotypes. Vous n’êtes pas du tout les américains que l’on voit à la télévision« , plaisantais-je. « En bougeant ta voiture spontanément, tu as fait ce que la plupart des américains n’auraient même pas daigné faire. Pour nous, c’était un signe« , me répondra-t-elle avec malice.

Le lendemain, je me mets à préparer des haricots rouges pour accompagner le petit déjeuner servi par Terry. Il nous a confectionné des sandwiches accompagnés d’œuf et de poivrons rouges grillés. Un délice ! « J’ai évité le fromage pour ton estomac« , me souffle-t-il. Je souris bêtement, amusé par tant de précautions et de prévoyance. Avant de partir, je leur rends le livre, les remercie encore chaleureusement. Terry me demande alors mon adresse email pour m’envoyer leurs coordonnées. « Tu es le bienvenue au Wisconsin. Tu pourras rester un ou deux jours chez nous si tu viens« . Je ne sais comment les remercier, je leur propose des biscuits que Terry acceptera avec gourmandise. « Pourquoi êtes-vous si attentionnés ?« , leur demanderais-je avant de partir. « Tu nous fais penser à notre fils, mais simplement parce qu’il n’y a pas assez de gentillesse dans le monde actuel. »

J’ai le souffle court, les larmes qui montent au yeux alors que je reprends le volant. Des rencontres avec de belles personnes qui vous marquent, cela arrive en voyage, mais des comme celles-ci je m’en rappellerai encore longtemps. J’espère pouvoir les revoir une prochaine fois, et pourquoi pas aux Etats-Unis ! Je reprends la route, le cœur léger, optimiste et confiant quant à ce que me réserve l’avenir. Dès le lendemain, la chance me sourit de nouveau puisque je rencontre Luke, un Québécois vachement sympa.

Un train passe au loin en contrebas d'une vallée

Une vue magnifique avec des passages de trains fréquents !

De nouveau, une belle soirée de partage faite de ramassage de bleuets dans la forêt, de parties endiablées de cartes et d’une initiation au jeu d’échecs.

Un plateau d'échecs éclairé par une petite lampe d'extérieur avec un papier où sont notés les règles

J’ai mes notes pour lancer mes plus beaux coups !

Le tout avec un paysage magnifique en guise d’arrière-plan. Le Canada se dévoile peu à peu et j’ai l’impression de n’être pas encore parvenu au plat principal ! 

read more:

Be the first to leave a comment!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*