Mes aventures me mènent de villes en villes jusqu’à atteindre Rome. Changement de décor, on se rapproche du nouvel an. Les rues sont bondées, les décorations de Noël illuminent les allées et les sapins. Les gens, venant de tous pays vagabondent dans les musées ou sont attablés en terrasse dévorant pizzas, pâtes et autres plateaux de charcuterie. La température est encore raisonnable, ce qui provoque une concentration de personnes, comme je n’en avais plus vu depuis longtemps au cours de mes voyages.
Rome est un véritable musée à ciel ouvert. Chaque coin de rue recèle de statues, ruines, fragments d’histoire qui forcent mon admiration tout au long de ma visite. Mon arrivée dans l’hostel, quant à elle, est surprenante. Auparavant, j’avais du mal à tomber sur des voyageurs, mais là c’est tout l’inverse. L’hostel est gigantesque, quoique mal aménagé, et comprend presque quatre étages avec une dizaine de chambres par étage.
En revenant d’un souper arrosé avec un cousin italien (oui, je reconnecte avec mes racines), je me dirige vers le jardin, voyant une troupe amassée. Plusieurs personnes discutent du nouvel an et je décide de me joindre à leur conversation. Le plan semble foireux, mais l’idée est de tous manger ensemble et de se diriger vers le centre-ville. Je me souviens avoir lu que toutes les festivités étaient pourtant annulées: pas de feu d’artifices, pas d’animations, pas de musique. En effet, l’épidémie de Covid-19 repart à la hausse et Rome est en rouge foncé sur la carte européenne répertoriant les contaminations. En outre, seuls les masques FFP2 sont tolérés dans les transports en commun. J’ai même dû quitter un bus car je n’avais pas le masque adéquat !
Qu’importe, les plus jeunes d’entre nous sont convaincus qu’il y aura de quoi faire la fête. Je ne suis pas particulièrement enchanté par l’idée, lassée par les nombreuses soirées auxquelles j’ai participé à l’époque. J’ai longtemps été un gros fêtard, mais je ne suis désormais plus en recherche de sensations de ce type. J’accorde plus d’importance aux conversations avec les gens afin de mieux les connaître et d’ôter le côté superficiel inhérent aux soirées. On vieillit, que voulez-vous !
Le 31 décembre, vers 21h30, la soirée débute enfin. J’avais décidé de préparer un petit plat. Mais force est de constater que mon curry avait moins la côte que les pâtes à la sauce tomate. J’aurais clairement dû m’en douter. Les “plus jeunes” font des snaps, des stories, twerkent dans le jardin, s’enjaillent sur les dernières merdes sorties à la radio. Ouh le vieux con qui sommeille en moi se réveille ! Je sens que je vais passer une bonne soirée… Après je ne juge pas, j’ai été exactement dans le même délire à l’époque. Ils veulent danser, ont soif de nouveauté, d’alcool, d’expérience et de souvenirs. Il est presque minuit, c’est l’heure de filer en ville. A peine sortis, une première remarque raciste est entendue au loin. Je sens que ça va vraiment être une bonne soirée… Nous arrivons en ville, à proximité de la Piazza di Santa Francesca Romana, non loin du Colisée. Les gens sont véritablement amassés de tous les côtés. Le groupe avec lequel j’étais se métamorphose lors des douze coups de minuit. J’assiste, amusé et effaré, au ballet des live Facebook et Instagram de mes compagnons qui hurlent dès qu’ils branchent leur caméra. “YEEEAH NEW YEAR IN ROOOOOOMAAAAA HIHI ». “BEST PARTY EVAAAA.” Un regain d’énergie et de show-off avant le calme plat une fois l’enregistrement terminé.
Puis, un long silence, le temps que chacun poste la vidéo sur les réseaux sociaux. La place est envahie par de nombreux jeunes, mais la fête tourne rapidement à des lancers de pétards et de bouteilles en verre dans la foule. Les gens autour de moi parlent fort, hurlent, se chamaillent pour des conneries, s’embrassent puis regrettent, se serrent dans les bras puis se critiquent, bref comme une sensation de déjà-vu. Ce n’est décidément plus mon genre de soirée: je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu et je ne compte pas replonger dans ce délire. Pourtant quelque chose en moi m’empêche de partir quand je vois le groupe de l’hostel. Je ne les sens pas très conscients, ni alertes. Je décide de mordre sur ma chique et de rester avec eux jusqu’au petit matin. Je finirai par commander un Uber pour tout le monde vers 5h30 afin que nous rejoignions tous l’hostel ensemble.
Après Rome, je continuerai mon voyage vers le nord. L’étape suivante est Florence. Une ville somptueuse, au même titre que Rome, remplie d’art et d’histoire à chaque coin de rue. L’occasion de visiter de nombreux musées grâce à des audios guides et d’explorer les alentours le plus possible .
L’hostel dans lequel je me trouve est déprimant au possible Aucune salle commune, la cuisine est interdite (probablement pour éviter de devoir désinfecter la pièce après chaque passage de personnes), seule une personne par dortoir est toléré. Autant dire tout de suite que je m’y suis bien emmerdé, malgré une ville riche en activités. Mon arrivée à Bologne changera tout, pour le meilleur, mais aussi pour le pire !