Etats-Unis

Chapitre 5 : Au ralenti

10 minute read
Thanks for the support !

Après quelques minutes d’adaptation derrière le volant, je commence à dompter ce véhicule extrêmement large. En outre, il est plus long que mon précédent van, ce qui implique une vigilance accrue lorsque je change de bande. Le trafic en quittant San Francisco est plutôt dense et ne m’offre que très peu de repos. Je suis constamment aux aguets depuis notre départ de l’agence de location. En route vers notre camping, je m’arrête sur le bas côté près d’une falaise. Je décide de sortir admirer la vue et de prendre quelques clichés avant de me remettre derrière le volant.

vue sur une baie partiellement cachée par les arbres

Comment ne pas s’arrêter constamment en chemin ?

Stupeur, le van ne démarre plus. Cela fait à peine une heure et demie que nous l’avons récupéré. J’ai beau chercher, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Ma première supposition est que la batterie s’est déchargée. Des véhicules de ce type ont généralement des batteries très sensibles et qui s’épuisent facilement, en particulier lorsqu’elles chargent plusieurs appareils électroniques comme les téléphones portables, le GPS, le frigo, etc. Ma filleule est paniquée: “Qu’est ce qu’on va faire ?” Je ne perds pas de temps et agrippe mon bloc de feuilles. Je m’empare d’une page et note en lettres majuscules un message. “HELP ME JUMP START MY CAR”.

notre van mauve, porte conducteur ouverte, est arrêté sur le bas-côté

Je me place stratégiquement près d’un tournant qui débouche sur une ligne droite. Trente minutes plus tard, un homme déboulant avec un pick-up ralentit et ouvre sa fenêtre. 

-Besoin d’un coup de jus pour votre van ? Me lance-t-il.

J’acquiesce et pointe le véhicule stationné un peu plus haut. Il me fait un signe de la main, me faisant comprendre qu’il va faire demi-tour pour venir nous aider. Je souris et repars près de ma filleule. “A priori, on est sauvés”, lui soufflais-je en ouvrant la portière conducteur afin de déverrouiller le capot. Carlos, 52 ans, arrive enfin et se gare juste devant le van. Il s’empare de sa vapoteuse, tire une épaisse bouffée laissant échapper une odeur de cannabis, et empoigne les câbles pour redémarrer le van. Lorsqu’il ouvre sa porte, son chien ne peut s’empêcher de venir nous saluer et de renifler le van de bout en bout.

-Vous êtes la troisième personne que j’aide aujourd’hui ! Nous explique-t-il.

-Vous êtes toujours là au bon moment on dirait !

-Je m’appelle Carlos, ajoute-t-il en me tendant la main.

-Enchanté Sébastien. Voici ma filleule.

-Vous voyagez ? D’où venez-vous ?

-Nous venons de Belgique. Nous avons loué un van il y a à peine trois heures afin d’explorer les parcs nationaux de l’ouest.

-Oh c’est cool ça comme aventure !

Peu après, c’est le désenchantement. La voiture ne semble pas démarrer, malgré nos tentatives répétées. Carlos nous propose de nous ramener dans le centre et d’appeler un dépanneur sur place. Autant l’homme me semble sympathique, autant je ne suis pas prêt à monter dans sa voiture directement.

une photo du pare-brise avec un aiutocollant affichant le numéro d'assistance de la route

L’assistance routière parviendra-t-elle à nous sortir de ce merdier ?

Je lui précise que j’ai un numéro de dépannage et d’assistance, mais que suite à mes problèmes de téléphone, je ne suis pas en mesure d’appeler. Je lui demande s’il peut essayer de joindre le service.

-Même si je joins le service, vous n’aurez personne pour vous dépanner avant 8h au moins ! Cela ne vaut pas la peine de perdre votre temps.

-Pouvez-vous tout de même passer un appel s’il-vous-plaît ? Répondis-je en insistant.

Carlos s’exécute et parvient, après quelques essais infructueux à joindre la dépanneuse. La dame à l’autre bout du fil me donne quelques astuces à “tester” pour tenter de faire redémarrer le van. Cependant, rien ne semble vouloir faire avancer ce tas de ferraille. Elle me demande ma localisation et me dit qu’elle va me recontacter dans quinze minutes. J’accepte après avoir demandé la permission à Carlos qui, quant à lui, commence à s’impatienter.

-Laissez tomber ! Au pire, je vous conduis chez moi.

Je commence à me méfier de Carlos. Je trouve son insistance louche et elle me met mal à l’aise. Je reste le plus diplomate possible en lui disant que nous ne devons rien payer si l’assistance s’en charge et que nous avons toutes nos affaires dans le van, y compris de la nourriture. Je m’empresse de lui ramener une canette de Pepsi et quelques biscuits pour le faire patienter. L’occasion de calmer les “munchies” que les fumeurs de beuh peuvent ressentir. Je pense que ça fonctionne car je ne l’entends plus et il se met à grignoter tout le paquet.

un paysage jaune et doré faits de monts est notre environnement du jour

Un coin verdoyant en bas de la vallée, un paysage jauni et sec de l’autre !

Finalement, la dame de l’assistance routière nous confirme qu’un dépanneur est en route, mais qu’il ne sera là que dans une heure trente. J’accepte le deal et le remercie Carlos pour sa patience. Il finira par nous quitter en nous disant: “je repasserai ce soir quand même pour voir si vous êtes toujours là ou pas…” Je le remercie de s’inquiéter, mais lui précise que tout devrait rentrer dans l’ordre. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose qui me chiffonne dans son attitude. J’espère au fond de moi que le dépanneur va arriver en temps et heure. Je ne veux pas effrayer ma filleule qui prend sur elle et ne cesse de me dire que j’ai “toujours la poisse” quand je voyage. Je ne peux même pas lui dire qu’elle se trompe car c’est souvent le cas. Au moins, cela lui montre qu’en voyage, comme dans la vie, il ne faut pas attendre lascivement que quelque chose arrive. Il faut provoquer le destin et trouver une solution rapidement.

coucher du soleil sur la vallée dans laquelle nous sommes bloqués depuis l'après-midi

Le soleil commence à se coucher et la dépanneuse n’est toujours pas là.

Heureusement pour nous, les “secours” arrivent deux heures après. L’homme se place derrière le volant et parvient à faire démarrer le véhicule. Je reste stupéfait ! Il m’explique que le système de démarrage est capricieux. Il ne faut pas tourner la clé dans le contact, mais plutôt tourner la pièce elle-même pour faire démarrer le moteur. Ma filleule et moi rigolons, mais au moins le van n’a rien et nous pouvons poursuivre le trip comme prévu ! C’est plutôt rassurant car nous n’avons perdu qu’une demi-journée qui, de toute façon, n’était consacrée qu’à quitter San Francisco pour rejoindre un premier camping “sauvage” en plein milieu des bois.

Demain, le road-trip peut vraiment commencer. Direction le parc national de Yosemite !

read more:

Be the first to leave a comment!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*