Etats-Unis

Chapitre 4 : Lente agonie

7 minute read
Thanks for the support !

Ma filleule et moi poursuivons notre voyage vers l’ouest américain. Après six heures d’avion, nous arrivons finalement à San Francisco. En quelques secondes, nous comprenons que nous ne sommes plus à New York. Tout d’abord le temps, malgré que nous sommes en plein été, peine à dépasser les 16 degrés. Le vent est frais et puissant, balayant toute la poussière dans nos visages hâlés. Il nous faudra plus d’une heure pour rejoindre le centre de San Francisco en transport commun.

un joli parc bien entretenu avec des palmiers au loin

De jolis espaces verts permettent de s’éloigner d’un centre-ville problématique.

A peine sortis du métro, c’est la stupéfaction. Ma filleule, s’imaginant un paysage de carte postale, tombe des nues. Je suis moi-même estomaqué, surpris de l’ampleur du phénomène. Nous voici véritablement à “Zombieland”. Alors que j’avais été extrêmement choqué par la drogue qui gangrène Vancouver, San Francisco est encore pire. La majorité des sans-abri qui errent dans les rues semble sortir tout droit d’un film. Des yeux révulsés, des attitudes incompréhensibles, des positions complètement alambiquées, des corps contorsionnés, des sous-vêtements sales, des forteresses de carton nous sont offerts en guise d’accueil. Tâchant d’esquiver les corps des junkies jonchés au sol, nous nous dirigeons avec effroi vers l’hôtel situé dans le centre-ville.

ma filleule épuisée s'est assise à un arrêt de bus. Elle repose sa tête sur la poignée de sa valise et pique un roupillon avec sa capuche recouvrant tout son visage.

Après neuf jours, ma filleule est déjà lessivée !

Ma filleule est mal à l’aise et je la comprends. Quelques rires gênés s’échappent de sa bouche, mais à chaque “rencontre”, nos muscles se crispent, tout en tentant d’éviter au maximum un contact rapproché. Chaque jour nous réservait son lot de surprises: des gens qui hurlent, qui lancent des objets dans la rue, qui sont sur le point de forniquer en pleine rue ou qui s’engueulent entre eux sans avoir l’air d’en comprendre les raisons. La drogue qui sévit en ce moment est la fentanyl. Quelques mois auparavant, en mai, la police californienne a saisi plus de 4kg de cette drogue dans la ville de San Francisco ! La quantité retrouvée “was enough to kill the entire city’s population three times over” a déclaré le bureau du gouverneur lors d’une séance de presse ! Depuis le début de 2023, déjà 268 personnes ont perdu la vie après avoir été victimes d’overdoses. Cette drogue, bien qu’elle touche énormément de sans-abri, est omniprésente dans la ville. Si bien qu’un décès sur 5 chez les jeunes de 15 à 24 ans est bel et bien lié à la fentanyl ! “Since 2017, the number of deaths related to the synthetic opioid, which is 50 times stronger than heroin, has increased by 1,027%.” Ce paysage désolant fut notre quotidien pendant quelques jours, mais il est surtout une triste réalité pour de nombreux habitants, tentant tant que faire se peut, d’ignorer cette vision horrifique de leur ville. De plus, lorsque l’on passe d’une ville comme New York, avec plus de 8 millions d’habitants, aux 700.000 de San Francisco, on ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment étrange. Ce dernier est grandement aidé par des rues désertes, des commerces laissés à l’abandon ainsi qu’un temps maussade.

la rue la plus haute de san fancisco offre une vue magnifique sur le centre-ville

La rue Lombard est très prisée des touristes pour la vue qu’elle offre sur la ville.

Lorsque l’on s’éloigne du centre, San Francisco se révèle pourtant être un petit bijou, en termes d’architecture, de culture musicale, notamment grâce à de jolis quartiers animés. Des musiciens sortent leurs guitares et batteries pour proposer aux passants des “bœufs” impromptus. Mais ce type d’évènement est malheureusement bien trop rare. S’ils participent à faire oublier la situation dans laquelle la ville se trouve, ils ne peuvent se substituer à une véritable politique et actions concrètes pour endiguer ce phénomène. En effet, le moindre trajet vers le centre-ville est un véritable crève-cœur, mais également une épreuve en tant que telle. La peur ne règne pas, mais nous n’avons jamais pris le risque de nous balader en soirée. Nous étions toujours de retour à l’hôtel avant que la nuit ne tombe. Si les loups hurlent à la pleine lune, les drogués s’époumonent quant à eux lorsque les rayons de soleil disparaissent.

la jetée de San Francisco en envahie de touristes qui cherchent à apercevoir des otaries et phoques

Les gens se sont massés sur la jetée du « Fisherman » pour observer des phoques et otaries.

Nous resterons quatre jours à San Francisco. Si ma filleule n’a pas apprécié la ville, je lui trouve quand même du potentiel. Il est vraiment dommage que le centre soit autant gangréné par ce phénomène. Qu’importe, il est temps pour nous de changer de paysage. Le voyage va prendre une autre direction et se transformer en un véritable road-trip.

notre van aux couleurs mauves avec une image de condor a la porte latérale ouverte

Nous n’attendions pas un design aussi ‘particulier »…

J’ai décidé de louer un van pour explorer l’ouest américain avec ma filleule et l’initier aux joies de la « van life ». Il s’agira d’une première expérience pour elle, l’occasion de lui partager mon mode de vie australien, néo-zélandais et canadien des précédentes années. A nous l’aventure !

read more:

Be the first to leave a comment!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*