Canada

Chapitre 5 : Bourrasque

11 minute read
Thanks for the support !

Je reprends la route, content ! Pourtant, après avoir traversé une autoroute avec de grosses bourrasques de vent, mon toit ouvrant en plastique s’arrache ! Quelle galère ! Et bien entendu, d’épais nuages apparaissent et il se met à pleuvoir. Je couvre comme je peux l’intérieur, mais je n’ai que du carton pour colmater la brèche.

un morceau de carton recouvre le trou béant du toit du van

Système D pour empêcher la pluie d’inonder le van…

Tout finit par couler et fuiter, je décide d’attacher mon K-way à l’extérieur avec de la ficelle et des morceaux de bois pour éviter qu’il s’envole à son tour. Cela me permet d’éviter la casse, mais la solution est temporaire. Impossible que cela tienne pendant que je conduise. Je décide donc de le retirer lorsque je reprends la route dès le lendemain. Heureusement, la pluie s’est calmée, mais le vent est toujours aussi fort.

T’es Belge, donc tu aimes la bière ? Bouge pas, j’ai ce qu’il faut !

Au cours de ma route, je décide de me poser à Gleichen pour terminer ma journée. Une voiture s’arrête juste à côté de mon emplacement et un homme au visage bronzé en sort.

-Comment tu vas ?! Me lance-t-il, toi aussi, tu voyages depuis Montréal ?!

C’est l’heure pour moi de faire la connaissance de Joseph. Il est Québécois, la cinquantaine, papa divorcé, et en vacances depuis deux mois déjà. Il est assez sympa et avec une bonne philosophie de vie.

-T’es Belge, donc tu aimes la bière ? Bouge pas, j’ai ce qu’il faut !

Joseph me ramène une bière et dresse la table: chips, crackers, la totale ! Décidément, l’hospitalité des voyageurs sur la route est dingue ! Nous commençons à discuter de tout et de rien. Je ne peux m’empêcher de lui mentionner la sympathie des Canadiens et leur côté décontracté. Tout le monde se tutoie. Cela m’avait particulièrement surpris dans les restaurants montréalais où l’on est accueilli par un: « Salut tu vas bien ? Tu veux quoi ? Tout est correct ? (à savoir « Is everything alright ? ») » Ils font un usage démesuré du  franglais. C’est assez surprenant au début !

un dispositif au gaz nous permet de cuisiner le curry de lentilles et de dégeler les ribs

Chacun de notre côté, nous préparons les différents mets du repas de ce soir.

Pour lui rendre la pareille, je lui propose de nous faire un curry de lentilles. De son côté, il insiste pour compléter le repas avec des ribs au barbecue. En fin de soirée, c’est l’apothéose, nous dégustons un whisky face au soleil couchant.

Un whisky qui provient d'une des rare distillerie indépendante d’Écosse

C’est le grand luxe ce soir ! On se met bien en road-trip !

En quête de ma prochaine destination, je décide d’aller passer quelques jours dans parc national où vivent de nombreux bisons, tout près d’Edmonton. Malheureusement, je constate rapidement que la météo semble se gâter. Par conséquent, je décide de découvrir Calgary. C’est une surprise totale, la ville me plaît énormément. Je cherche avec motivation un vendeur de pièces de voiture afin de réparer mon toit, mais pas de chance c’est l’Heritage day donc tout est fermé. Il s’agit d’un jour férié en Alberta où l’on célèbre l’héritage historique et culturel des personnes qui ont contribué à façonner la province canadienne. Un évènement a lieu dans le parc central, je m’assieds parmi la foule me prends à observer les danses traditionnelles de plusieurs pays pendant des heures.

danses traditionnelles heritage day

Différentes danses traditionnelles issues de plusieurs pays sont proposées aux spectateurs.

Un moment sympa, suspendu, où tout le monde est réuni ensemble. La foule applaudit, tour à tour, les différentes performances des nouveaux arrivants: chinois, ukrainiens, colombiens, japonais, caraïbéens, etc. Le soir venu, je prends la route pour quitter Calgary afin de trouver un endroit où squatter la nuit. Soudainement, le programme radio est interrompu par un son strident qui fait grésiller les baffles de ma voiture. Un flash info au ton grave m’hérisse les poils.

Un graphique affiche les zones potentiellement concernées par cet avis de tornade

Toutes les conditions sont réunies pour créer une tornade.

Un risque élevé de tornade est envisagé au fur et à mesure que les minutes défilent. La carte change sans arrêt. De puissants vents pourraient former une tornade, en particulier à River Deer, juste au nord de Calgary. Je commence à prendre peur, non seulement car je ne sais pas comment réagir en cas de tornade, et en plus car je n’ai plus de toit ! En outre, je ne peux pas me permettre de laisser mon véhicule dehors. Après une rapide recherche, je constate avec énervement que les hôtels sont hors de prix. Je ne vois qu’une seule idée pour m’abriter, je décide de me planquer dans un parking souterrain et d’y passer la nuit.

refuge dans un parking souterrain du centre de Calgary

Je me réfugie dans un parking souterrain du centre de Calgary squatté par des sans-abri.

Au cours de la soirée, l’alerte sera levée, mais les régions situées au nord seront victimes de fortes intempéries. Des grêlons gros comme des balles de tennis se sont abattus sur plusieurs voitures, éclatant plusieurs pare-brise. En outre, je constate qu’une violente tornade a eu lieu en 1987 à Edmonton, situé au nord de Calgary.

Néanmoins, je ne regrette pas ma décision car je devais agir au plus vite. Il vaut mieux prévenir que guérir ! Qui plus est, je suis en plein centre de Calgary pour poursuivre mon exploration de la ville dès le lendemain.

Le toit ouvrant a été arraché par le vent, un gros trou est au milieu du haut de la voiture

Hors de question de laisser le véhicule dans cet état !

Le jour se lève et je me mets rapidement en route vers un magasin spécialisé. Je parviens à récupérer la pièce manquante pour mon toit. Cependant, je n’ai pas d’outils en ma possession. Je finirai par aller « mendier » chez un garagiste pour qu’il m’aide à la fixer. Ensemble, nous constatons que le mécanisme a été monté à l’envers, ce qui fait qu’il est impossible de véritablement fermer le clapet. Il y a donc de fortes chances que le toit s’envoile de nouveau ! ARGH ! Je repars au Canadian Tyre, un magasin fourre-tout mais spécialisé pour les véhicules, et achète des sangles afin d’empêcher le toit ouvrant de s’arracher sous la force du vent.

Toujours convaincu que je pourrais m’installer à Kamloops, à quelques heures de route de Vancouver, je constate rapidement que mes messages ne prennent pas. Les logements sont très chers et je ne peux pas me permettre de payer autant ! « Pourquoi pas Calgary finalement ?« , pensais-je après un nouvel échec pour trouver une colocation en dessous de 800 euros. « D’abord, il me faudrait un job ! » C’est pourquoi, je me rends en bibliothèque afin d’y d’imprimer quelques CVs. Je vais tenter de décrocher un job pour pouvoir débuter d’ici deux semaines. L’hiver à Calgary est froid, mais probablement pas autant qu’à Montréal (c’est ce que je pensais naïvement). Or, c’était mon premier objectif pour trouver une ville dans laquelle m’installer. Au final, en quelques jours, je parviens à trouver une colocation avec une indienne âgée de soixante ans. Très sympathique, bien qu’un peu trop angoissée à mon goût, elle me suggère d’aller déposer mon CV au centre commercial qui se situe à peine à sept minutes à pied. Bingo ! Je décroche deux entretiens. L’un pour un resto vietnamien qui me propose de bosser comme sous-chef, après m’avoir formé évidemment, et un autre pour Burger King. Tout semble s’emboîter enfin ! De plus, un pote de Belgique arrive dès demain pour partir en road-trip dans les montagnes: le timing est impeccable !

read more:

Be the first to leave a comment!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*