Sri Lanka

Chapitre 5 : Remous

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Jeff et moi embarquons depuis la station de bus de Jaffna vers Trincomalee. Un long voyage de 5h30 nous attend, rythmé par de nombreux épisodes d’Attack on titan et les plaintes d’un couple de français quadragénaires. “Il n’y a pas de clim ici ?”, “Qu’est ce que c’est long!”, “Il est temps d’améliorer leurs routes tout de même”, “J’espère qu’il va s’arrêter pour qu’on puisse aller aux toilettes”. Nous ne pouvons nous empêcher de sourire en pensant à cet énergumène avec son short et son chapeau d’aventurier qui se lamente toutes les deux secondes, espérant trouver un peu de compassion dans le regard de deux européens. Au cours du trajet, notre bus sera stoppé plusieurs fois. Des militaires, armés de fusils d’assaut, ont demandé à tous les Sri Lankais de sortir du véhicule. S’en est suivi un contrôle des papiers d’identité ainsi qu’une vérification des sacs. Les contrôles ont été mis en place suite aux attentats perpétrés en 2019 pendant la période de Pâques. Des églises et hôtels avaient été pris pour cible, dont une église à Batticaloa, une destination prisée des touristes située sur la côte est. La méfiance est toujours de mise entre les différentes ethnies. Les touristes ne sont pas véritablement concernés par les contrôles militaires, mais plusieurs soldats sont tout de même montés à bord pour inspecter l’intérieur du bus et vérifier les sacs qui leur paraissaient suspects. Le vieux quadragénaire qui ne pouvait s’empêcher de râler s’était calmé quelque peu. On ne l’a presque plus entendu du reste du trajet et ça c’était vraiment la bonne nouvelle de la journée.

Paisible petite plage de Nilaveli

Après plusieurs heures, nous arrivons sur la côte est du Sri Lanka. Cependant, le voyage n’est pas encore fini pour Jeff et moi-même. Nous devons encore prendre un bus supplémentaire pour arriver à Nilaveli depuis Trincomalee. Nilaveli est un petit coin paisible, à proximité de la plage, avec une petite rue marchande. La température est élevée, la brise marine vous rafraîchit à la perfection et plein de petits restaurants locaux, presque cachés, se dissimulent dans les allées. Qu’il est paisible de s’y promener, sauf les week-end où des bus entiers remplis de locaux de Trincomalee débarquent et envahissent la plage pendant toute une journée. Les autres jours, c’est le calme plat et se laisser bercer par le ressac des vagues est un bonheur sans nom. Ces moments paisibles symbolisent la fin de mon aventure avec Jeff. Nous décidons de nous séparer et espérons nous retrouver en Inde. Il ne lui reste que quelques jours au Sri Lanka, c’est pourquoi il cherche à se rapprocher de l’aéroport, tandis qu’il me reste encore une semaine et demi ici. Je décide donc de continuer ma route vers l’est en direction de Batticaloa.

Le soleil se couche sur Batticaloa

Alors que je marche dans les rues de la ville, je me rends compte que Batticaloa fut la deuxième ville la plus touchée par le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan indien. C’est le troisième tremblement de terre le plus fort jamais enregistré de l’histoire avec une magnitude de 9,1 à 9,3 sur l’échelle de Richter. Cette catastrophe a impacté de très nombreux pays: l’Indonésie (130.000 morts), le Sri Lanka (35.000 morts), l’Inde (12.400 morts), mais aussi la Thaïlande, la Somalie, le Myanmar, les Maldives, la Malaisie, la Tanzanie, Les Seychelles, le Bangladesh, l’Afrique du Sud, le Yémen, le Kenya et Madagascar. Deux heures à peine après le tremblement de terre, des vagues de 4,5 m à 9 m ont ravagé Batticaloa et ses alentours. Cette catastrophe a été lourde en pertes humaines, mais aussi matérielles avec près de 90.000 maisons et cabanons détruits par les eaux. La première vague a été suivie d’une deuxième et d’une troisième s’abattant d’abord sur la côte est avant de toucher la partie sud du pays, provoquant tout autant de dégâts et emportant autant de vies. Un train en service a été percuté par l’une des vagues, le faisant dérailler, et causant la plus grande catastrophe ferroviaire de l’histoire mondiale – et du pays – avec 1700 morts. Etonnamment, la ville ne conserve pas encore trop de marques du passé, seule une statue, repérée au cours d’une session de jeu « Pokemon Go », a été érigée en hommage.

Une monument sans prétention pour rendre hommage aux victimes du tsunami

Ce qui m’impressionne également, c’est le nombre de personnes qui vendent des jeux à gratter dans la rue. Affublés d’un panneau, ils se baladent et tentent d’attirer les clients de toutes les manières possibles. Force est de constater que la plupart d’entre eux n’ont même pas à se casser la tête, les clients accourent. Les Sri Lankais espèrent gagner des prix en cash, mais comme pour beaucoup de jeux de hasard, peu sont véritablement gagnants. L’appât du gain est pourtant présent et il n’est pas rare de croiser des gens se masser vers les vendeurs. Ces derniers se baladent même parfois dans les bus bondés pour essayer de vendre leurs bouts de papier.

Mes derniers moments au Sri Lanka sont composés d’insouciance et de bonne bouffe

Mon voyage au Sri Lanka touche bientôt à sa fin. Je termine mon exploration de la côte sud et revient vers Negombo, où se situe l’aéroport. J’ai un avion qui décolle en mi-journée dans quelques jours. L’occasion de retomber sur une pote rencontrée au îles Cook et de ressasser nos souvenirs ainsi que de lui filer quelques bons plans pour la suite du voyage.

Le trek du Ella Rock est un incontournable et offre des vues magnifiques

Prochaine étape: l’Inde et en particulier les îles Andaman et Nicobar, touchées également lors du tsunami de 2004.

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