Sri Lanka

Chapitre 6 : Fuite

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Les derniers jours s’enchaînent à une vitesse folle. Mon voyage au Sri Lanka se conclut par des évènements surprenants. Tout d’abord, un hostel – situé dans une région plutôt touristique – où je suis l’unique client. Le propriétaire me propose même de goûter des plats typiques qu’il cuisine pour sa famille. Ensuite, j’ai pu revoir une pote, rencontrée aux îles Cook, qui avait convaincu sa mère de l’accompagner dans ce joyeux bordel. Enfin,  je suis parvenu à trouver un logement louche où les photos ne correspondaient absolument pas à la description: un simple matelas sur le sol dans une chambre sans fenêtre.Le Sri Lanka: un pays qui marque par la diversité de ses paysages et sa faune

Qu’importe, le Sri Lanka fut un voyage salvateur, m’ayant redonné confiance et goût à la découverte après les épisodes catastrophiques égyptiens et taïwanais. En effet, je me suis posé de nombreuses fois la question: “Ne vaut-il pas mieux rentrer ?” Cependant, je préférais continuer, me remettre en selle, pour ne pas laisser ces expériences traumatisantes bouffer le reste de mes souvenirs et de mes rencontres. Bien entendu, les coups durs font partie du voyage et sont également monnaie courante. Lorsque l’on voyage en dehors des sentiers battus, on doit être prêt à faire face à des situations de ce genre. C’est pleinement confiant, que je décide de planifier la suite de mon voyage avant de partir. Je veux me rendre en Inde, notamment sur les merveilleuses îles Andaman et Nicobar. Je commence la procédure en ligne pour l’obtention du visa touriste. Je me rends alors compte que la religion a toute son importante. Le formulaire exige également de préciser les éventuelles marques “visibles” de nos croyances.

Visa pour l'Inde 2

En Inde, la religion est un aspect primordial

En effet, la religion en Inde a un impact très important car elle fait partie des lois civiles. Par exemple, en fonction de la religion, la polygamie sera tolérée, mais interdite à d’autres croyances. Si jamais, vous décédez en Inde, le gouvernement procédera à une cérémonie en accord avec vos croyances. Le gouvernement indien peut également donner des recommandations sur les endroits à éviter ou les gestes à respecter en fonction des régions que vous souhaitez visiter. Une fois mon visa en poche, je décide de réserver mon vol vers Chennai, qui sera mon point d’entrée vers les îles. Je ne prévois encore aucun hôtel, mais bien mes vols pour aller ensuite au Laos afin d’y retrouver des potes quelques semaines plus tard. Je m’affranchis des frais liés au visa afin d’être complètement en ordre et pouvoir entamer ce voyage en Inde sans le moindre tracas.

J’arrive à l’aéroport de Colombo vers 3h du matin après avoir pris un tuk-tuk qui traînait miraculeusement en rue. Je passe les premiers contrôles avec mon backpack et me rend au comptoir de la compagnie aérienne. Je montre mon passeport, mon billet d’avion et dépose mon sac sur la balance. Soudainement, j’aperçois un regard qui ne m’inspire guère confiance. La jeune femme derrière le comptoir me sourit nerveusement et passe un coup de fil. Elle regarde mon passeport et a l’air de pianoter de manière précipitée sur son ordinateur.

Il faudra en discuter avec notre service client sur internet. En attendant, est-ce que je peux vous demander de reprendre votre sac et de laisser la place pour le prochain passager ?

Adieu le Sri Lanka et ses paysages magnifiques

-Je suis désolé monsieur, mais vous ne pouvez pas embarquer sur ce vol

-Pardon ? M’exclamais-je

-Vous vous êtes rendus en Chine récemment ?

-Le 22 janvier et pendant deux jours uniquement, précisais-je, nous sommes le 6 mars. Cela fait plus de 15 jours que j’ai quitté la Chine !

En effet, à l’époque, les exigences liées au coronavirus ne permettaient l’accès à un pays que si l’on avait quitté ce pays il y a plus de deux semaines. Si c’était le cas, il n’y avait alors aucun souci pour entrer dans un territoire étranger.

-Les règles en vigueur ont changé, m’annonce-t-elle embarrassée

-Mais quand ? J’ai pris mon visa il y a quelques jours et je n’ai rien vu de tel. Vous vous doutez que s’il existait le moindre risque, je n’aurai pas effectué la demande et réserver plusieurs vols internes en Inde.

-Les consignes ont été modifiées hier. Si vous avez été en Chine depuis le 15 janvier, l’Inde refuse l’entrée de son territoire

-Et vous ne savez pas informer vos clients lors de l’achat ou envoyer un mail suite à ce changement de consignes ? Est-ce qu’il y a moyen de se faire rembourser dans ce cas-ci ?

-Il faudra en discuter avec notre service client sur internet. En attendant, est-ce que je peux vous demander de reprendre votre sac et de laisser la place pour le prochain passager ?

Je récupère mon sac, penaud, de nouveau lassé de cette énième péripétie qui me tombe dessus. Malgré ma volonté de contrôler la suite de mon voyage, rien ne se passe décidément comme prévu. Je retourne vers le comptoir d’informations et leur explique ma situation. 

-Que puis-je faire ? Demandais-je complètement perdu

-Vous pouvez vous rendre dans un autre pays qui accepte les gens qui ont été en Chine…

-Je suis parti il y a plus de deux mois ! 

-Pour certains pays, ça ne change rien, me répond-on en haussant les épaules

-Bon, ben je crois que je vais retourner en Malaisie… soupirais-je

-En Malaisie, ils ont également changé leurs règles, me confie-t-on, je le sais car j’ai eu la nouvelle récemment. Vous ne serez pas autorisé à entrer sur le territoire…

-Et comment puis-je savoir où aller ?

-Le mieux, c’est de vous rendre à l’entrée de l’aéroport et de voir directement aux comptoirs des compagnies. Elles auront les dernières mises à jour sur la situation

Je me résout à repartir à l’avant de l’aéroport, mais je m’interroge tout de même. “Dois-je repasser la zone de contrôle de sécurité à l’envers ?!” Je demande confirmation au comptoir et on me répond par l’affirmative. Je débute alors la traversée du combattant, sous le regard perplexe des gardes de sécurité et policiers. Ces derniers, ne pouvant pas quitter leur poste,  m’ont obligé à chaque fois que je les croisais, d’ouvrir mon sac, de le fouiller alors que je tentais de leur expliquer pourquoi je faisais machine arrière. Les contrôles dans les aéroports sont généralement la partie la plus longue lors des différentes formalités inhérentes à un départ. Imaginez-vous devoir les passer en sens inverse ! Après des dizaines d’arrêts, fouilles, et tentatives d’explications grâce à l’intermédiaire de Google Translate, je parviens enfin à revenir à l’entrée de l’aéroport. Je me mets alors en quête de différentes compagnies qui pourraient me permettre de voyager, étant donné que mon visa pour le Sri Lanka est en passe d’expirer. Je ne peux donc pas rester sur le territoire et dois m’envoler vers une autre destination. Je finis par avoir le feu vert d’une compagnie thaïlandaise pour partir. Cependant, avec une condition, acheter un ticket de sortie. Je prends instinctivement un billet en direction du Laos, ayant déjà obtenu mon visa. Je ne suis même pas sûr de pouvoir m’y rendre, mais qu’importe, je n’ai pas le temps de réfléchir à cela. Cinq heures plus tard, je décolle en direction de Bangkok.

Mon envie d’explorer l’Inde est définitivement passée à la trappe, ainsi que l’argent que j’y avais investi. En attendant mon vol, je discute avec Jeff de la situation dans laquelle je me retrouve. Il est actuellement en Inde et n’est guère étonné de la situation. “Tu sais, je ne pense pas que l’Inde puisse faire face à une pandémie si cela arrive. Il manque clairement d’infrastructures pour soigner les gens. Si le coronavirus touche l’Inde, ce sera une catastrophe. » Ces paroles résonnent avec fracas, presqu’un an plus tard, au moment de la rédaction de ce chapitre. En avril  2021, l’inde est actuellement en proie au nouveau variant indien, beaucoup plus virulent. Les morts s’entassent, faute d’infrastructures suffisantes malgré des aides envoyées de l’étranger. Nul doute que l’Inde aura probablement plus de mal à s’en remettre que des pays plus riches. Selon Sophie Landrin, correspondante en Inde pour le Journal “Le Monde”, l’Inde est bloquée par ses contradictions: L’Inde est le premier producteur de vaccins au monde, mais le pays souffre d’une pénurie de vaccins ; l’Inde est dotée d’excellents médecins et hôpitaux, mais le pays ne compte qu’un médecin pour 10 000 habitants. Et un médecin pour 20 000 habitants dans les régions denses et défavorisées. La moitié de la population reste extrêmement pauvre.

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