Mexique

Chapitre 1 : Les préjugés s’envolent

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J’arrive enfin au Mexique, à Puerto Vallarta, sous un soleil de plomb. Mon passage à la douane est extrêmement simple, les douaniers ne vérifient  pas mon sac, et je n’ai même pas besoin de le déposer sur le tapis roulant ! Après avoir récupéré une carte SIM non loin de l’aéroport, je décide de prendre un bus pour rejoindre le centre-ville. Autour de moi, j’observe. L’ambiance est un peu chaotique, mais rien d’effrayant jusqu’à présent.  J’essaie de me renseigner auprès des locaux pour savoir quand arrivera le bus. Aucun d’entre eux ne parle anglais et mes notions d’espagnol sont plutôt médiocres. M’observant depuis quelques minutes, une jeune femme se dirige vers moi. Il  s’agit de Miranda, une trentaine d’années, des yeux en amande, la peau dorée et un sourire avenant. Elle travaille à l’aéroport et me dit quel bus je dois prendre. Par chance, je prends le même qu’elle. Elle me demande si je voyage seul, pour combien de temps je compte rester, quel est mon projet au Mexique, etc. Au début je me méfie, surveillant sans cesse mon portefeuille et mon passeport, mais au plus je lui parle au plus je la trouve profondément touchante. Alors que nous embarquons dans ce bus bondé, elle me donne quelques recommandations sur les choses à voir dans la ville. Peu après, elle m’interroge sur mon travail. Je lui explique que je travaille le plus possible pour pouvoir ensuite tout quitter et voyager. J’ajoute alors qu’il m’arrive de travailler en ligne de temps en temps.

du street art représentant une femme portant un chapeau de fourrure avec une tête de tigre blanc

De jolis « murals » décorent les rues de Puerto Vallarta.

-Je constate que de plus en plus de gens font comme ça à l’heure actuelle, réagit-elle en baissant la tête, cela m’inspire. J’aimerais bien tenter cette aventure, mais j’ai peur de comment réagira ma famille. Tu vois, je me suis toujours sentie différente. J’ai bientôt quarante ans, je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfants, je n’ai pas de petit copain.

-Ce n’est pas évident de réagir face à la pression sociale, lui confirmais-je.

-Ma famille commence à mieux l’accepter, mais en tant que fille, je sens que la pression est plus forte qu’avec mes frères. Ils me soutiennent un peu plus maintenant, mais avant ils ne comprenaient pas pourquoi je n’étais pas encore mariée. Particulièrement parce que j’étais l’aînée.

-Tu n’as pas à te sentir mal pour ça. Tu dois vivre ta vie pour toi et accepter que tu ne peux pas satisfaire tout le monde. Tu auras toujours des gens qui ne seront pas d’accord avec tes choix.

-Par exemple, j’aimerais bien voyager, mais j’ai peur de me lancer toute seule, en tant que femme.

-Pourquoi ne commences-tu pas par prendre quelques jours de vacances et rends-toi en sac à dos dans une ville non loin d’ici. Tu te mets en situation et tu vois si tu aimes ou pas. C’est un bon exercice pour apprendre à te débrouiller sans être très loin de chez toi.

Soudainement, le bus s’arrête sur le bas côté. Il semblerait qu’un problème technique nous empêche d’aller plus loin. Nous descendons, mais personne n’a l’air énervé ou contrarié. Je suis étonné, en tentant de transposer ces mêmes images en Belgique, où les gens auraient commencé à hausser la voix et à protester sans nul doute. A peine une minute plus tard, un autre bus arrive pour prendre le relais et nous grimpons tous à bord. Miranda me remerciera pour mes conseils et je lui souhaiterai également bonne chance pour son « premier voyage ». Elle me sourit et descend quelques arrêts plus loin. Pas de chance pour moi, mon bus a de nouveau un souci et doit s’arrêter peu de temps après que ma nouvelle amie m’ait quitté. Je décide de prendre mon courage à deux mains et de marcher jusqu’à mon hostel. Me voila parti pour 25 minutes sous 32 degrés. J’arrive en sueur, mais content d’être finalement à bon port. Je sors une petite heure pour observer mon environnement, mange un bout près du bord de mer et rentre à l’hostel. J’ignore encore à quel point Puerto Vallarta est « safe » et s’il est prudent de m’y balader le soir.

la table d'un restaurant avec des nachos et une bière locale.

En attente de mon premier repas mexicain, j’ai hâte !

A mon retour, je fais la connaissance de deux jeunes voyageurs qui viennent d’arriver aussi. Nous passons une chouette soirée ensemble et prévoyons de partir explorer la ville, ses petites allées, la jetée et les plages dès le lendemain. Avant d’aller nous coucher, un événement un peu particulier se produit à l’hostel. Un jeune voyageur allemand est emmené par six policiers pour suspicion de drogue. Celui-ci finira par s’enfuir et sera poursuivi par la police. Une scène digne d’un film et extrêmement perturbante pour une première soirée.

une palge magnifique cachée partiellement par de la végétation.. On aperçoit un gros rocher au loin sur lequel els vagues viennent mourir.

Puerto Vallarta regorge de chouettes petites plages lorsque l’on daigne s’éloigner du centre.

Vers 10h30, nous nous mettons enfin en route et partons à la découverte de Puerto Vallarta. Je ne peux m’empêcher de jeter un œil aux nombreuses affiches de personnes disparues parsemées sur de nombreux poteaux électriques, arrêts de bus ou encore à l’entrée des magasins. Malheureusement, ce phénomène est extrêmement courant.

des affiches de personnes disparues recouvrent un poteau dans une rue de Puerto Vallarta

Ils sont nombreux ces avis de recherche placardés dans tous les coins de la ville.

Comme le rapportait CNN l’an passé: « From 1964 to the present day, the country has registered more than 100.023 people missing, of which more than 24.700 are women, and more than 74.700 are men. » Seules 35 disparitions ont mené à l’arrestation des coupables, les autres n’ont jamais été résolues. De quoi donner des frissons et s’interroger sur les méthodes de recherche employées par la police. Parmi les disparus, on retrouve des journalistes, des activistes, parfois des indigènes. Cependant, il arrive parfois que des étrangers soient kidnappées en échange d’une rançon ou pour d’obscures raisons. En 2023, 550 Américains sont actuellement portés disparus au Mexique. Après avoir bien intégré ce risque, nous refusons bien évidemment toutes les propositions tendancieuses des vendeurs de rue: « Marijuana, cocaïne, LSD, ecstasy, … » Heureusement, mes partenaires sont plus intéressés par découvrir la ville que de s’exploser la tronche. J’en profiterai même pour aller me faire couper les cheveux dans un salon de coiffure, ouvert sur la rue. Une coupe un peu brusque, mais qui m’aura coûté à peine 5 euros ! Comparativement, j’en aurais payé 25 au Canada ! Je sors de là avec une dose de talc impressionnante dans le cou et sur les oreilles pour éviter une éventuelle irritation. Ce n’est pas compliqué, je ressemble à un cul de poupon.

Je souris assis sur le siège du coiffeur après qu'il ait terminé ma coupe

Le sourire inquiet avant la coupe de cheveux. Crédit@Emeric Fancelli

Dans l’après-midi, nous parvenons à trouver une petite plage reculée pour aller nous rafraîchir, discuter et parler de nos expériences personnelles. En fin de soirée, nous nous posons pour observer le coucher du soleil. Un sentiment de relaxation intense m’envahit, je commence à me faire au Mexique et m’y sens plutôt bien.

un magnifique coucher de soleil orangé et bleuté s'offre à nous

Comment ne pas être subjugué par tant de beauté ?

Cela fait deux jours et je commence déjà à saturer de la bouffe mexicaine. Quasiment aucun légumes, de la viande et des nachos gras et reluisants, du fromage coulant. Un bon repas « fast-food » pour une soirée, mais pas pour en consommer tous les jours. Des réminiscences de mes maux d’estomac me reviennent en mémoire. Je ne veux absolument pas gâcher ça en m’empiffrant de gras. Les vendeurs de rue offrent de la nourriture de qualité et plutôt abordable, sans être réellement “cheap”. En effet, le Mexique est bien plus coûteux que je ne l’aurais imaginé. Après, il est encore un peu trop tôt pour juger étant donné que je suis dans un coin assez touristique.

un camion de coca-cola est aperçu de l'autre côté de la rue, tandis qu'en face des gens déchargent des bacs entiers de bouteilles de soda

Le Coca et le Mexique, une grande histoire d’amour !

En outre, je m’étonne de l’omniprésence des camions « Coca-Cola » et du nombre de sodas que les Mexicains peuvent s’enfiler par jour. Les bouteilles de « Coca-Cola » de 3L sont assez courantes ! Comment expliquer cet amour indéfectible ? Il existe une proximité folle de cette boisson dans le quotidien des Mexicains. En effet, en 1970, le président Luis Echeverría a même tenté d’obtenir la recette et de le nationaliser ! De plus, Coca-Cola a sponsorisé des événements historiques tels que les jeux Olympiques et la Coupe du Monde. Il est important de mentionner qu’un ancien patron de Coca-Cola Mexique est également devenu président du Mexique en 2000. Il s’agit de Vicente Fox. Grâce à ses contacts et ses partenariats, il a réussi à rendre la boisson moins chère que ses concurrents – et plus facile d’accès  que l’eau potable -, ce qui a provoqué un boom énorme de la consommation de Coca. Il est devenu un substitut pour se « nourrir » et avoir de l’énergie transmise par la concentration de sucre. Cette ferveur n’est jamais véritablement retombée, au point que le Coca est même utilisé lors de cérémonies religieuses, notamment dans l’État du Chiapas. Bien entendu, le revers de la médaille ne s’est pas fait attendre puisque entre 2000 et 2007, le taux de diabète a littéralement doublé ! En moyenne, les Mexicains boivent 700 verres de Coca-Cola par an, soit le double des USA. De la nourriture grasse aux boissons sucrées, voila qui explique pourquoi de nombreux Mexicains sont en obésité ou en surpoids.

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