Au cours d’une conversation sur WhatsApp, mes parents me font part de leur envie de venir me rendre visite. “Bonne nouvelle !”, pensais-je. Ne souhaitant aucun accroc, je décide de les rassurer et de prendre en charge toute l’organisation du voyage en réservant tout à l’avance: des hôtels aux excursions, en passant par les restaurants dans lesquels nous pourrions dîner. Tout est millimétré, je sais à quel point cela les rassure et leur permet de ne pas se préoccuper de toutes les formalités, une véritable source intense de stress.
En parlant d’anxiété, je suis toujours inquiet pour mon estomac car je ne constate aucune amélioration notable. Cela va mieux, mais une douleur sourde est toujours présente dans mon estomac. Je décide de payer une consultation vidéo avec un médecin belge pour lui expliquer mes soucis. Après avoir déballé tout mon historique de médicaments et ce diagnostic d’ulcère, il vient à me questionner.
-Vous dites que votre ulcère n’est pas dû à une bactérie, mais qu’a fait le médecin pour pouvoir l’affirmer ?
-Il m’a fait une prise de sang et il a vu que la bactérie n’était pas présente
-Et il n’a pas confirmé son diagnostic avec une gastroscopie ?
-Heu, ben non, répondis-je embarrassé
Le docteur décide de me prescrire des antibiotiques pour lutter contre cette bactérie responsable à 90% des ulcères. Il s’agit d’une trithérapie, à savoir trois médicaments à prendre deux fois par jour pendant dix jours. Je devrai donc demander à mes parents de me les envoyer par la poste. Une fois obtenus, les médicaments me font un grand bien. Je me sens revivre, beaucoup mieux, moins d’inconfort, plus de douleurs, je peux presque remanger normalement ! Cependant, après avoir terminé le traitement, les douleurs réapparaissent. J’essaie de ne pas y prêter attention en me disant que c’est peut-être simplement dû à un stress lié à ma guérison. Malheureusement, le lendemain soir, les douleurs se font plus vives. Je n’ai pas d’autre choix que de repartir aux urgences. Cependant, cette fois-ci, cela ne me coûtera rien ! Merci la “healthcare card”.
Dès le début, lors du fameux triage, on me signale que je ne pourrai pas obtenir de gastroscopie car ma situation n’est pas “urgente”. Je prétends faire mine d’accepter la sentence, mais demande simplement si j’aurais droit à un papier me recommandant cet examen. “Oui, oui”, me répond-on rapidement. Au final, j’attendrai 4h, soit treize heures de moins qu’à Montréal, mais la conclusion est décevante. Le médecin urgentiste me dit que j’ai besoin d’une recommandation d’un médecin de famille pour effectuer une gastroscopie et qu’ils ne peuvent pas la faire aux urgences car je ne suis pas dans “une situation de vie ou de mort”. En gros, tant que je ne vomis pas de sang, on ne fera rien. L’urgentiste me signale qu’il existe des listes d’attente, plutôt longues, et qui ne permettent pas d’espérer un quelconque rendez-vous avant décembre. Le médecin me dit que cet ulcère n’est d’office pas dû à une bactérie, mais il ne peut pas m’en dire plus. Je commence à stresser, ce qui est un facteur aggravant les symptômes. Il est donc très difficile pour moi de relativiser et de prendre du recul sur une situation qui perdure depuis mi-juin. Cela fait déjà quatre mois que je suis en pleine “errance médicale” et je ne sais plus vers quoi me tourner. La solution qui m’est proposée me désespère, revenir aux IPP deux fois par jour. Un médicament qui m’a donné tant de fil à retordre pour m’en débarrasser. Seule chose à faire, attendre et prendre son mal en patience.
Le lendemain, je n’ai vraiment pas le cœur à la fête, pourtant je suis cordialement invité par Indra et sa nièce à célébrer Divali. Il s’agit d’une fête majeure en Inde. Elle symbolise la victoire de la lumière sur les ténèbres. Pendant cinq jours, les Indiens prient, lancent des feux d’artifices, font des offrandes aux Dieux et se réunissent autour de gâteaux et autres confiseries sucrées.
L’origine de Divali varie, cependant, selon les régions dans lesquelles on la célèbre. Néanmoins, elles ont toutes pour élément commun la victoire de la lumière contre le mal. Lorsque je rentre du restaurant, Indra et sa nièce sont déjà parées de vêtements colorés et traditionnels. Un plat servant d’autel accueille deux statuettes représentant des Dieux. Je filerai vite dans ma chambre mettre une chemise et un pantalon classique pour les rejoindre pour la prière.
Encens allumé, poudre colorée, présentation d’offrandes aux statuettes, rituel avec un plateau éclairé de bougies ou encore bain de lait pour purifier les Dieux, l’expérience est très intéressante. Je me prends au jeu et les écoute réciter et chanter une prière traditionnelle tout en faisant des petits cercles avec un plateau, sur lesquels sont posés des bougies et des offrandes, face aux statuettes des Dieux. Nous partageons un repas non épicé, heureusement !
Les jours suivants, je passerai de longues minutes au téléphone afin de décrocher un rendez-vous auprès d’un médecin. Alors que je n’y crois plus, une réceptionniste m’annonce avoir une disponibilité pour le lendemain. J’accepte la proposition, après une semaine de recherche seulement. Je m’estime chanceux! Je croise les doigts pour faire face à quelqu’un en mesure de m’aider. Cela a trop duré !